J'avais écouté du jazz dans des soirées feutrées, dans des salons un brin endimanchés, tamisant en sourdine des ambiances happy hour et chill bcbg, inspirant une certaine méfiance et un je ne sais quoi de fausseté. Et puis, rien d'autre, ou peu, ou je n'avais pas compris, ou bien c'était trop tôt. Et puis, finalement, il fallait faire confiance. Il fallait que ce soit décembre, sous la pluie, en manque de jour, et se rendre disponible pour se laisser séduire. Alors, j'ai découvert ça, les arabesques cuivrées, la douceur et le feutre, et quelque chose de doux et de suave : une authentique lune de miel comme lorsque l'on commence à s'enivrer et que les choses se présentent sous leur meilleur angle. Il fallait aussi se retrouver un peu seul pour cultiver le goût de l'initiation et le désir de naître, dans du velours, ou mieux, le pourtour d'une rondeur chaleureuse et berçante, le temps d'un instant où l'on sait que tout sera tranquille et arrivera comme il faut, à point nommé... Et cela est vrai : la musique coule et nous amène à bon port sans que l'on ait jamais douté.
Le son a beau venir de loin, du fond des années 60's, je l'ai senti très proche et d'une grande consolation. J'avais envie de dire merci. Ca faisait longtemps que je n'avais pas adoré ça.