Tout comme Cabrel, Souchon fait partie de ces chanteurs français qui se sont bonifiés avec le temps. Pour résumer, et ça vaut pour l'un comme pour l'autre, je trouve que la première moitié de leur carrière n'est pas exceptionnelle malgré quelques bonnes chansons, mais au bout d'un moment, un album est sorti et il a tout changé. Pour l'un c'était "Sarbacane", pour l'autre "C'est déjà ça".
Bref, après les magnifiques "Au ras des pâquerettes" et "La vie Théodore", où l'inspiration mélodique et textuelle forçait le respect, "Ecoutez d'où ma peine vient" accuse hélas une baisse de régime, sans doute parce que Souchon peine à se renouveler ; pour preuve, le disque contient une reprise réarrangée de "Bonjour tristesse", une chanson que l'on trouvait déjà... Dans l'album d'avant. Les thèmes également ne changent guère (amour contrarié, critique sociale, introspection...), tout comme la musique, même si elle se mâtine ça et là de sonorités exotiques ou music-hall. Par rapport aux précédents, le gros point faible de cet opus reste son inégalité intrinsèque : pas mal de morceaux assez anecdotiques ("Elle danse", "8m2", "Sidi Ferouch", "Oh la guitare", "Popopo"), une intro sympa de post soixante-huitard nostalgique ("Rêveur"), d'autres titres qui passent bien grâce à une mélodie soignée ("Ecoutez d'où ma peine vient") ou des paroles finement ciselées ("Parachute doré")... Et finalement seulement deux très bonne chansons ("Les saisons", et surtout "La compagnie"), là où les travaux précédents pouvaient se vanter d'une proportion inverse.
Soyons honnête : dans l'ensemble ça se laisse écouter, il y a de bons moments, mais l'on est pas aussi absorbé qu'auparavant par l'univers du bonhomme.