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Ego Trippin’
6.1
Ego Trippin’

Album de Snoop Dogg (2008)

En 2008 Snoop Dogg avait passé 16 ans dans le milieu du rap, pour huit albums solos et un nombre incalculable de compilations, mixtapes et featurings, quand il annonça un 9e opus: « Ego Trippin »
Pourquoi ce nom? Snoop voulait se démarquer d’une tradition très wescoast d’avoir beaucoup d’invités sur son album et avait déclaré vouloir sortir un album sans featurings. Être seul et assurer. En effet, au final à part 2,3 guests (surtout des refrains), Too $hort est le seul rappeur convié pour poser un couplet.
Avec cet album, Calvin Broadus vouait continuer de faire ce qu’il faisait avec ses précédents opus, à savoir innover, partir dans des directions inattendues et surtout se faire plaisir.
Du haut de sa magnifique carrière, Snoop sait qu'il a acquis le respect de ses pairs et de ses fans, et qu'il a suffisamment prouvé pour pouvoir se permettre de ne plus écouter personne et de se faire plaisir. Comme il le disait en interview, il ne se vexe plus s'il n'est plus dans la liste des 10 rappeurs les plus chauds du moment, lui qui sait très bien qu'il s'est assuré sa place dans celle des 10 rappeurs les plus chauds de l'histoire. C'est ce recul qui lui donne une liberté artistique et qui lui fait prendre des prises de risques assez incroyables pour une star de son calibre. Si ça marche, tant mieux, si non, ce n'est pas très grave, ça n'encornera pas son image, on l'aime bien trop pour lui en vouloir vraiment. Depuis, ce ne sont pas les sorties d'un Reincarnated aux accents jamaïcains et de son EP de funk en collaboration avec Dâm-funk qui vont prouver qu'il a dérogé à ses habitudes.
En 2008 son public ne savait pas trop quoi attendre du chien de Long Beach à la sortie d' un "Ego Trippin" qui faisait suite à un "R&G The Masterpiece" qui avait étonné (voir même choqué pour certains dont moi, je l’avoue) par ses accents r&b-pop, et à un "Tha Blue Carpet Treatment" qui revenait à des bases plus gangsta, mais qui ne montrait pas une grande cohérence artistique (on y passait facilement de Stevie Wonder à The Game ).
S'il pouvait donc craindre le pire, il a constaté que Snoop avait réussi encore une fois son pari d'embarquer ses auditeurs dans un univers totalement nouveau pour lui, plutôt avec succès.
En effet, cet album sonne très funky, un véritable hommage aux synthés des années 80. Le morceau "Cool" est d’ailleurs une reprise d’une chanson de Prince. La production est en grande partie assurée par DJ Quik et Teddy Riley, les garants de cette atmosphère particulièrement endiablée, qui livrent ici des prods propres, mais complexes. A la première écoute, cette ambiance musicale ne manque pas d’étonner, mais force ensuite le respect. On sent que Snoop a pris des risques, mais s'est véritablement fait plaisir en l'enregistrant, en suivant son délire du moment.
Cet album ne sonne pas violent ou hardcore, mais n’est pas non plus sucré comme des ballades pop ou du T-Pain. Le vocoder trouve cependant sa place ici, mais d'une manière qui rappelle plus Roger Troutman dans les années 80. "Sexual Eruption", titre électro-soul où Snoop l'utilise pour vantes ses talents quand il s'agit de provoquer l'orgasme féminin, en est le parfait exemple. Avec ce disque, Snoop a donc largement dépassé les limites du rap, qu'il avait déjà quelques fois franchies auparavant. Une envie de country? Il vous livre le très bon "My Medecine", en hommage à Johny Cash. Le clip où il est déguisé en cow-boy est d’ailleurs à voir.
Quelques morceaux sont un peu plus faibles que les autres: "Waste Of Time", "Sets Up" de Neptunes peu inspiré,et le très dirty south, et ne collant pas du tout avec le reste de l'abum, "Ridin’ In My Chevy". On a beau dire, Snoop sur du dirty, ça le fait pas. Mais ce dont on se souviendra, c’est notamment les excellents " Press Play" magistralement introduit par son acolyte de toujours, Kurupt, "Neva Have 2 Worry" et l'ode au ghetto "Can’t Say Goodbye"
Il est intéressant de noter que Snoop n’a pas écrit ses morceaux cette fois. Lui qui n’a pourtant pas de problème à tenir un stylo a laissé des ghostwriters, ou des nègres comme on dit en littérature, lui pondre ses paroles. On ne sent pas trop la différence, tant le discours reste fidèle au personnage: "If you grew up listenting to my music, that means your mum in one of my hoes, your dad one of my foes, your grandma has already been to one of my shows". L’oncle Snoop parle de son expérience avec les meufs, de sa carrière, de son couple avec sa femme chérie, de sa thune, de ses teufs… Bref, normal quoi. Le flow est toujours là, la classe décontractée aussi, Snoop est plus inventif que jamais, il se fait plaisir et assume avec cet album assez homogène. Nous on kiffe bien.
Léo_Mouren
7
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le 5 déc. 2013

Critique lue 203 fois

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Léo Mouren

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