My Krazy Life par Léo Mouren
Premier album pour la nouvelle sensation westcoast YG, après une flopée de mixtapes qui ont fait de lui un des rappeurs les plus en vue du moment.
Le jeune MC de Compton, (rebaptisée Bompton, pour montrer son appartenance au gang des Bloods, qui refusent d'utiliser la lettre "c", symbole du gang adverse des Crips) nous livre ici un projet de bonne facture, qui en surprendra plus d'un. On pouvait craindre de "My Krazy Life" (toujours pas de "c"), presque entièrement produit par son comparse DJ Mustard, avec qui il a fondé le label Pu$haz Ink, qu'il soit redondant, tant celui qui signe ses prods d'un entêtant "Mustard on a beat ho!" a tendance à toujours nous servir le même beat et à multiplier les morceaux répétitifs. Mais le DJ californien a su varier sa palette pour nous éviter l'impression d'écouter le même morceau boucle. Les trois morceaux estampillés Terrace Martin, s'ils sont aisément reconnaissables, restent cohérent avec la construction sonore et l'univers mis en place par Mustard et YG.
Pour l'occasion DJ Mustard s'est même mis à sampler, de manière peu subtile, certes, mais on lui pardonnera tant il est plaisant de reconnaître de reconnaître le classique du Dogg Pound "Let's Play House" sur "Do It To Ya". Avec le très réussi "1 AM" YG se permet même de glisser un hommage appuyé au bon Dr Dre en reprenant son célèbre "how you feelin whoopty whoop nigga what". Dans les paroles de "My Nigga" c'est à Snoop Dogg et C-Murder que YG fait ostentatoirement référence. Ces divers clins d'oeil montrent que YG et Mustard connaissent leurs classiques et respectent leurs aînés. Cela leur permet d'inscrire "My Krazy Life" dans la continuité de ces derniers, ce qui est surement le meilleur moyen de s'assurer les bonnes grâces des fans de la westcoast. Dans cette optique, l'apparition de Suga Free sur "When I Was Gone" est d'ailleurs à remarquer.
YG n'est pas un grand MC, mais il a conscience de ses faiblesses, et a le mérite de donner le meilleur de lui-même, et de varier un minimum ses thèmes, alors que beaucoup dans sa position auraient cédé à la tentation de s'enfermer dans du "rap mongol". Divers skits viennent structurer l'album, un processus passé de mode qui rappellera à l'auditeur les classiques des années 80-90.
Un petit bémol est cependant à noter, les featurings apportent trop peu: Les invités du "My Nigga (Remix) réussissent à se faire outshiner par Nicky Minaj, et Kendrick Lamar nous propose un couplet presque aussi inintéressant que ce qu'il avait fait sur "Marshall Mathers LP2"
Étonnant de maturité, YG ne révolutionne pas le rap, mais évite les écueils dans lesquels beaucoup le voyaient tomber avec cet album, évidemment porté par le tube très efficace "My Nigga". Un modèle à suivre pour les rappeurs de la "New West" qui, par comparaison, rend l'album de Schoolboy Q sorti il y a quelques semaines, encore plus terne.