Vous repdrendrez bien un peu de moutarde...
Sorti en mars dernier, ce premier album de YG ne faisait pas parti à l'époque de mes priorités niveau écoute, et c'est il y a seulement 2 semaines que j'ai enfin pris le temps de découvrir ce projet 'My Krazy Life'. Signé depuis 2009 sur Def Jam, c'est seulement en 2013 que les choses vont vraiment s’accélérer pour le rappeur de Compton quand il rejoint l'équipe CTE World de Young Jeezy avec dans la foulée la sortie de ce qui deviendra un vrai hit radio avec ce fameux 'My Nigga', la machine est donc enfin lancée.
Vous vous doutez bien que la krazy life de YG n'est pas faite d'heures passées à la bibliothèque sur le campus UCLA mais plutôt d'histoire de gangbangin' et d'aller-retour en prison, le prototype du gangsta rappeur de base qui au mic est loin de se détacher de la masse. Cependant Keenon Daequan Ray Jackson a depuis quelques temps à ses côtés un atout qui va vite se révéler déterminant, le beatmaker DJ Mustard avec qui il a formé en 2008 la structure musicale Pu$haz Ink et dont la carrière a complétement décollé en 2011 avec entre autre le tube 'Rack City' de Tyga. Actuellement l'un des producteurs les plus demandés du rap game qui pour l'anecdote tire son pseudo tout simplement de son prénom puisqu'il s'appelle Dijon McFarlane (référence donc directe à la moutarde de Dijon de notre cher pays).
Les 2 artistes ont mis en place une recette minimaliste (aussi bien dans les productions que dans les propos) qui fonctionne vraiment bien avec à la clé une sortie moderne et tendance qui répond à pas mal de critères commerciaux tout en gardant une ligne directrice West Coast affirmée. De la Ratchet Music à la sauce "Mustard on the beat, ho!" qui nous nous monte rapidement aux oreilles et dont j’avoue avoir un petit faible. DJ Mustard qui est impliqué dans 8 des 12 morceaux (production/co-production) arrive avec un minimum de chose, à retranscrire une certaine énergie entrainante et à rendre le tout très dansant, d'où le succès de ses productions dans les clubs. Et si je me garderais bien de comparer les textes de YG avec ceux d'Ice Cube, 2Pac, Kurupt, Crooked I ou autre Kendrick Lamar, le jeune MC n'est toutefois pas plus mauvais que la majorité de ces gangsta rappeurs aux thèmes très limités, rien d'insupportable pour moi.
C'est donc avec le titre 'BPT' que s'ouvre cet album (précédé juste d'une petite intro), un morceau qui représente tout simplement la définition musicale du paragraphe précédent et de cette fameuse sauce Westside Mustard. Un projet qui va chercher ses racines directement dans l'héritage laissé par des artistes comme DJ Quik, Suga Free, E-A-Ski et le Dogg Pound, le tout avec une toute nouvelle génération et notamment le Black Hippy puisque 3 de ses 4 membres sont présents sur cet opus. On retrouve d'abord ScHoolboy Q et Jay Rock sur ce piano/drum/bass 'I Just Wanna Party' puis un peu plus tard Kendrick Lamar avec le titre 'Really Be (Smokin N Drinkin)', 2 morceaux plutôt différents mais tout aussi intéressant et entrainant.
La mélodie de 'Bicken Back Being Bool' n'est pas sans rappeler un certain tube 'Niggaz In Paris', mais le bon travail autour nous ferait presque oublier cette copie, en tout cas un rythme fidèle à l'album comme sur ce hit 'My Nigga' (feat. Jeezy & Rich Homie Quan) et cette excellente collaboration 'Who Do You Love?' avec Drake. Pas mal de morceaux plus ou moins similaires dans leur construction, qu'on apprécie encore plus ceux qui sortent un peu des chemins battus, avec en tête ce sombre '1AM' (à la prod Metro Boomin') et cette ballade typiquement westside 'Do It To Ya' (qui possède beaucoup plus de charme que ce cliché et plutôt mauvais 'Me And My Bitch').
Un album qui tire sa grande force de cette association entre YG et DJ Mustard, et il faut le dire, plutôt bien réalisé pour une sortie major de cette ampleur. Les amateurs uniquement de Boom Bap et de textes inspirés (et inspirants) ne trouveront que très peu d’intérêt à ce projet, pour les autres loin d'être allergiques à ce style, je ne peux que conseiller l'écoute si ce n'est pas déjà fait. Une sortie West Coast qui trouvera tout son intérêt cet été au soleil!