Lâcheté et mensonges
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Voilà, n'y allons pas par 4 chemins : "Eldorado", EP ou mini-LP, comme on veut, de 5 chansons et 25 minutes, aurait pu (aurait dû...) être le meilleur album électrique de Neil Young. Il suffisait de rajouter un ou deux solos de guitare incandescents ou telluriques en plus, et la barre des 30 minutes aurait été facilement atteinte, inscrivant "Eldorado" tout prêt du sommet de la discographie du Loner. Ah oui, il aurait aussi fallu le sortir au-delà des marchés japonais et australiens auxquels il fut, inexplicablement (enfin, on imagine bien qu'il s'agissait là d'une question contractuelle...) réservé.
Neil Young, en 1989, quand il enregistra ces 5 chansons en format "power trio" avec Chad Cromwell à la batterie et Rick Rosas à la basse, sortait à peine d'une longue série de galères discographiques et personnelles, et avait peu à peu perdu une grande partie de sa crédibilité artistique, en plus de son succès commercial. Le retour à "la vie", et au succès, ce fut cette intuition "sonique" qui le fit monter encore d'un cran le niveau d'électricité, et trouver un son de guitare quasi-apocalyptique, qu'on va entendre pour la première fois sur "Eldorado", et qui fera date, permettant au Loner d'être célébré un an plus tard, à la sortie de "Ragged Glory", comme "parrain du grunge" !
Des 5 excellentes chansons que l'on entend ici, 3 seulement seront récupérées sur l'album "Freedom", patchwork frisant l'incohérence mais néanmoins réussi, qui suivra quelques mois plus tard... mais dans des versions adoucies avec un mix différent, voire des passages entiers retirés (comme dans le cas de "Don't Cry" qui est une tuerie totale ici et perd dans "Freedom" ces moments hallucinants de guitare quasiment "free"...).
Surnommé "The Restless", le trio Young + Cromwell+ Rosas joue ici avec une intensité incroyable, littéralement comme si leur vie dépendait du bruit qu'ils font... et peut être considéré comme une version "forcenée" de Crazy Horse. Les deux morceaux "inédits", "Cocaine Eyes" (règlement de comptes sanglant avec un Steve Stills qui vit des moments difficiles avec son addiction) et "Heavy Love" sont magnifiques, et valent à eux seuls l'achat de ce EP. On peut par contre regretter que le dernier titre soit "Eldorado", une très belle chanson hispanisante jusqu'à la parodie (avec son dernier couplet sur la corrida !), qui, elle par contre, a plus sa place sur "Eldorado" qu'ici, au milieu de ce bain de sang.
Alors, bien entendu, un conseil d'ami : TO BE PLAYED AT MAXIMUM VOLUME !!!
[Critique écrite en 2020]
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Créée
le 13 oct. 2020
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