The ugly years of being a fool, ain't youth meant to be beautiful?
Sur Electra Heart, on a entendu beaucoup de choses. Dans ses premières interviews à propos de l'album, plusieurs mois avant sa sortie, Marina parlait de tragédie grecque, de mensonges du rêve américain, d'archétypes féminins et de quête d'identité (plutôt ambitieux, n'est-ce pas ?). Dans ses plus récentes, elle raconte que peu de temps avant de commencer à écrire cet album, elle a vécu une relation où, au lieu d'être aimée sans retour, elle se retrouva dans la situation inverse. Et que pour se remettre de la rupture, elle trouva du réconfort dans la création d'une "Queen Bitch From Hell", une briseuse de cœurs qui a besoin d'être adorée mais n'aime jamais, et ainsi ne souffre pas.
Et ça résume déjà beaucoup mieux ce qu'on retrouve dans l'album : on oscille en effet entre des morceaux sincères à propos de cette relation décevante, et des titres beaucoup plus punchy, où la Queen Bitch prend la parole. Et musicalement, ça ressemble à quoi ? Comme Marina s'est entourée de gros producteurs du moment (Dr. Luke, Greg Kurstin), ça sonne un peu comme les derniers Rihanna ou Katy Perry. Mais la chanteuse aurait-elle vendu son âme sur l'autel du succès populaire, dont-elle avoue sans complexe être à la recherche ? Les visuels associés à l'album nous mettent sur la voie : on y voit donc Marina Diamandis, apprêtée comme une pin-up ultra-glamour... mais avec de grosses racines noires bien visibles sous son impeccable brushing blond.
Ce qui veut tout dire. Là où son premier album partait dans tous les sens, avec des moments de grâce comme des éclats de voix insupportables, ici tout est plus raffiné et cohérent. Sous des arrangements très dancefloor et qui passeront très bien à la radio, on entend des paroles plus recherchées que ce qu'on a l'habitude d'entendre dans ce style. Et surtout une voix puissante, qui côtoie avec aisance les graves comme les aigus et faisait déjà la différence lors de la sortie du single Radioactive.
A titre personnel, je remarque quand même que mes titres préférés sont surtout ceux qu'elle a écrits toute seule, comme Teen Idle et son constat d'une adolescence décevante, ou Fear and loathing, plus apaisée. Ou que "The archetypes", uniquement disponible sur Youtube, propose des sonorités et des jeux de voix intéressants. Ce qui me fait dire que cet album - que j'aime quand même écouter dans sa globalité - pourrait être une étape vers une direction musicale mieux définie, mais avec suffisamment de confiance en soi pour ne pas s'entourer des grands noms du moment afin d'espérer vendre. Bonne chance dans cette quête du succès, Marina.