Muddy Waters – Electric Mud (1968)
Pour changer, un disque de blues, « Electric Mud » de Muddy Waters. « Mud » pour « Muddy » sans doute mais aussi pour « boue », un jeu de mot auquel il est difficile d’échapper à l’écoute de cet album.
« Traîner dans la boue » pourrait convenir pour décrire l’accueil que reçu cet album par une partie de la critique américaine, celle des plus branchés, des plus spécialisés dans le blues et le jazz de la culture US, non, cet album n’est pas fait pour l’élite.
D’ailleurs la pochette originale est blanche immaculée, la couleur ne va pas, et pas la plus petite once boueuse ! Un album rallié à l’idéologie commerciale dominante, du blues blanc avec ce qu’il faut de psychédélisme pour passer à la caisse, des guitares de folie aux quatre vents et des standards qui défilent avec ce truc des Stones qui résume tout, « Let's Spend The Night Together ».
Pour autant le blues du delta est bien là, Muddy chante comme à l’habitude mais il a posé la guitare, se dessaisissant au profit de Pete Cosey, Phil Upchurch et Roland Faulkner et là, ça envoie sévère, l’esprit hendrixien n’est pas si loin et cette furie de guitares blues dépote tout, bien emmenée par l’énorme basse de Louis Satterfield.
Deux pièces signées du patron, dont une inédite « She's All Right » qui s’étale sur plus de six minutes et une reprise de « I'm A Man (Mannish Boy) » qui secoue bien. Il faut ajouter trois tueries de Willie Dixon dont un « Hoochie Coochie Man » d’anthologie.
Ouaip ce truc est fait pour se remplir les poches, depuis quand y aurait-il un veto au pays de l’oncle Sam et du St dollar ? Tant pis si les Etats-Unis ne lui font pas la fête à cet album, la vieille Europe s’en chargera et y verra plutôt un album précurseur, à l’initiative d’un Marshall Chess qui n’hésite pas à fusionner les genres, le blues et la musique psyché avec du fuzz, de longues impros propulsées par une basse royale et imperturbable…