Une époque révolue
Cet album est le dernier d'une douce époque. Celle où les Black Eyed Peas ne faisait pas passer leur fans pour des abrutis, celle où ils arrivaient à cacher que les royalties touchées sur leurs...
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le 18 juin 2012
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The Black Eyed Peas, c’est un peu ce vieux doudou que vous avez conservé précieusement dans un coin de votre chambre, dans une boîte « souvenirs », votre grenier, etc. Sans succès, votre entourage vous a dit de vous débarrasser de cette ruine de votre enfance pour des raisons inhérentes à votre maturité, le fait de passer à autre chose, de grandir, ce genre de factices conneries. Mais vous l’aimez toujours un peu votre doudou, lui qui a accompagné vos râles abjects et vos mignons gazouillements tant de nuits ! Vous n’avez pas envie que cette partie de vous-même, qui vous ramène vers une époque qui est malheureusement révolue depuis longtemps, s’en aille, disparaisse sous les décombres de la décharge du coin et de votre vie. Le choix de la poubelle ou du carton, c’est l’effet que j’ai ressenti à l’écoute de cet album des The Black Eyed Peas (B.E.P. s’il vous plaît, épargnez-moi quelques lettres numériques redondantes…).
Il est clair que le groupe n’a pas regroupé toutes les sympathies depuis ces dernières années. En particulier chez les amateurs de hip-hop dont je fais partie. Si les dernières générations se sont largement ambiancées sur le son de "Meet Me Halfway", "Don’t Stop the Party" ou d’autres tubes commerciaux, le public a changé : il est passé d’un public restreint (amateur de hip-hop old school/underground) à tout le monde : ton papa, ta petite sœur, la fameuse ménagère (ta maman ? je ne dis pas ça méchamment, la mienne en fait partie..), les amateurs de boîtes, bla bla bla.
Parce que ce qu’on retiendra d’eux, c’est cette longue descente au enfer de la musique puis de la critique. C’est simple, on en parle plus. Ils sont toujours là aujourd’hui, ils font office de figuration. On les voit dans temps à autre à la télé ou en concert, comme pour l’hommage aux attentats de Manchester en 2016. Néanmoins, allez demander à n’importe qui (sauf votre grand-mère bien sûr, et encore), vous leur dites (le très français) « Les Black Eyed Peas » , la réponse vous ramènera aux années 2000, et l’apparition des musiques sur-commerciales. Tout le contraire de ce que prônait le rap à la base et ce que B.E.P était avant ce fameux album...
OUI, Black Eyed Peas, pendant les années 90, c’était du hip-hop, du bon hip-hop même. Leur discographie est remplie de classiques qu’on ne veut plus voir. Le plaisir a la capacité d’être trop coupable parfois. La qualité de leurs instrumentaux et de leur flow, faisaient la part belle à ces albums plus underground qu’autre chose. Avant même que B.E.P. soit né, on retrouvait déjà Will.I.Am et Apl.de.Ap. (baptisé en A.T.B.A.N Klann) pour l’album "Grass Roots" sorti en 1992 (et oui, 11 ans plus tôt que "Elephunk"), qui pour moi n’a rien à envier aux autres tueries de l’époque ("A Low End Theory", "Bizarre Ride II", "The Chronic", …) à tous les niveaux. Franchement, allez écouter cet album, « c’est de la bombe bébé », avec des perles comme "Duet", "La Borio Woman Beater" ou "Focus on You", entres autres purs sons. "Behind the Front" et "Breaking the Gap" (avec Taboo en plus pour l’apparition de juste « Black Eyed Peas » sans le « The ») sont dans la même lignée. C’est très musical, du gros flow de la part du trio, du rythme, de la recherche, on sentait de la maturité dans l’écriture. Je vous encourage également à vous pencher sur ces albums, ça risque de vous faire tout drôle si vous pensiez que B.E.P c’était de la musique électronique sauce Guetta, dont la musique actuelle a hérité.
Les prémisses de tout ce gâchis se trouvait déjà dans "Elephunk", qui reste dans mon esprit particulièrement hybride. Il y a pas mal de sons louches, je ne sais pas trop moi-même pourquoi je les aime. Les meilleurs sons, et ce n’est pas étonnant, sont ceux qui raisonnent le plus hip-hop : "Shut up" bien sûr, qui est un très bon morceau (violon, guitare à distorsion, basse) avec de bons complets en faveur des femmes dans le rapport de couple et de séduction. "Shut Up", c’est vraiment un bon tube des années 2000 comme on les aime, tout comme "Let’s Get It Started" qui brille par la joie de vivre qu’elle donne. "The Apl Song" est sûrement l’un des meilleurs morceaux de l’album, très doux, relatant l’histoire et les doutes de Apl.de.Ap.
Au niveau des sons « Phunk », "Hands Up" colle au thème même si on sent la musique plus électronique, à la façon d’un "The Boogie That Be" plus efficace dans son hommage et d’un "Smells Like Funk" instrumentalement simple mais plaisant. Le tout commence à être plus léger aux niveaux des paroles, avec une dose d’ego-trip assez marqué, qui n’est pas étonnante.
"Anxiety" est un ovni style rock festif du début des années 2000, on aime ou on aime pas, avec un délire rock’n’roll un peu cliché, pour justifier un mal-être pouvant mener à la folie.
Et bien entendu, on a LE son de l’album, le fameux, le majestueux, le frissonnant "Where is The Love ?" avec notre copain Timberlake au refrain.
C’est simple, "Where is The Love ?" est l’un de mes morceaux de hip-hop préféré. C’est un son qui restera toujours cotonneux dans mon esprit. Les violons, dès le début de la musique, n’auront de cesse de me faire frissonner de plaisir, celui que l’on ressent à chaque musique que l’on aime. Les paroles/rédaction, qui reflètent le traumatisme américain post-11 septembre, voient les trois rappeurs qui vont successivement se poser des questions sur le monde qui les entoure, et ce qui provoque la recrudescence de la guerre, de la haine, de la souffrance, de la violence, de la discrimination, pour une question centrale que vous connaissez. S'ils n’ont pas été les premiers artistes en général ni les derniers à traiter ce sujet, le rap permet une expression plus longue et plus rythmée que les autres styles musicaux, le flow étant là, cette musique est une pure réussite.
C’est d’ailleurs le dernier vrai bon son du groupe.
En résumé, quelques bons sons dont un est une tuerie. C’est peu. Mais pour le reste, et même dans les sons cités, le bât blesse. Et c’est là que notre doudou va revenir.
Le choix de garder ou jeter le doudou, cela symbolise un choix dérangeant mais nécessaire : rester dans quelque chose qui nous appartient substantiellement et qui fait de lui cette partie infime de plaisir qui caractérise notre esprit de vie, en rappel de nos balbutiements babins d’être joyeux et innocent. Ou bien décider de manière brutale de passer à autre chose dans une logique futile de progrès, comme si l’on était une personne différente après le meurtre de son enfance, comme si l’on enterrait un symbole de notre évolution physique et mentale pour rester à jamais les mêmes au nom de la maturité.
De manière générale, jeter le doudou revient au choix de la raison en tant que concept : on passe à autre chose, nous sommes grands et forcément intelligents, nous sommes des individus qui ont la faculté de prendre des choix forts, de juger de leurs conséquences et de faire les choses pour notre bien. On avance, le doudou représente notre passé, qui est par définition révolu. Le doudou caractérisait cette époque de notre vie où nous sommes plus concernés par nos désirs puérils, l’assouvissement de nos pulsions, le moment où l’on ressent le plus les affres ou plaisir de l’amour, de la haine, de la joie, du dégoût et tout ce qui s’en suit, étant donné que c’est souvent la première fois qu’on les vit pleinement, en notre âme et conscience. Le doudou, même s’il était déjà d’un autre temps, était toujours quelque part près de nous, que cela soit sur l’oreiller ou les portes du placard déjà renfermées sur lui. Tout cet amalgame de sentiments que l’on vit de l’enfance à « l’âge de la raison » comme on peut dire, de moments où notre cerveau s’affaisse face au plaisir ou à la peur, c’est la passion, l’explosion des émotions.
Le choix quant à ce doudou est d’autant plus révélateur et plus philosophique qu’il n’y parait : on fait le choix de conserver l’âge de l’innocence et de la passion ou de basculer, de manière parfaitement abstraite bien sûr, sur la raison et l’importance de l’esprit, des choix clairs et éclairés qui nous rapporterons. Dans la vie, il faut savoir faire le choix entre vivre par passion ou par raison : trouver un travail qui nous plaît ou essayer de trouver un travail qui nous rapportera le plus, côtoyer des personnes qui nous apporte émotionnellement ou savoir lier des relations par intérêts particuliers, vivre en acceptation de ce que l’on est vraiment ou vivre en s’adaptant à l’image que la société veut que nous ayons, faire de la musique par passion de cet art ancestral ou pour gagner très dignement sa vie en sachant ouvrir ce que l’on fait à tous.
C’est très simple pour moi : B.E.P, avant "Elephunk", c’était la passion ; après, la raison. L’album ? La transition. Il apparaît qu’ "Elephunk" se place entre les deux, et va être le point du pivot, LE moment de cette transition. De manière plus large et plus abstraite, comment "Elephunk" symbolise t-il l'évolution de la passion à la raison dans la musique ?
Le problème avec l’apparition de Fergie dans l’album, c’est le consensualisme qui apparaît nécessairement et par petites touches : les refrains, même sans elle, deviennent de plus en plus chantés, et moins rappés comme auparavant. Son arrivée a également coïncidé avec la fin des featuring (ils ont quand même eu le droit à Mos Def dans "Breaking the Gap"), et donc à un certain enfermement de la musique. L’album, même si les sonorités restent très musicales, avec l’utilisation encore marqué de nombreux instruments mais aussi de pas mal d’électroniques, commence à devenir assez uniformes. Il en va de même pour la gestion du groupe, si Apl.de.Ap a son propre son, on commence à voir Taboo et lui-même disparaître de certaines musiques au profit de Fergie avec sa musique perso ("Fly Away") : la notion de collectif s’efface. Les deux feront quasiment figuration par la suite, en laissant la place pour la figure féminine et Will.I.Am, celui qui a la voix la plus identifiable. Plus facile pour le public d’identifier deux protagonistes principaux plutôt que quatre. On commence également à entendre ce que je vais appeler des raccourcis musicaux : la fin de certaines musiques est soit composé d’onomatopés (« yayayaya » de "Let’s Get it Started", « oh oh oh » dans "Fly Away", « nom nom nom » dans "Latin Girls", … bizarrement c’est pratiquement toujours Fergie à la manœuvre), soit de ce que j’appelle un faux couplet, c’est-à-dire la répétition du refrain ou de paroles inutiles.
Il faut le dire aussi, il y a vraiment des sons pourris dans "Elephunk", du remplissage de musique à thème universel (femme, dance,..) ou avec des instru de merde : "Labor Day", "Hey Mama" (les bras m’en tombent devant cette bouse), "Latin Girls" (un peu sauvé par sa fin instrumentale), "Sexy" et l’apothéose du nul "Third Eye" : pratiquement 1/3 de l’album. L’addition est salée.
En bref, le message que je veux faire passer par mes remarques, c’est que l’album a une certaine propension à tomber sous la flamme de la facilité, c’est-à-dire qu’ils ne semblent pas avoir mis la même implication à faire l’album, ou du moins à faire moins de recherches dans la musique. On perd par là-même la substance vertébrale qui faisait la saveur du groupe.
Dans le rap, la passion serait d’accoucher d’un rap que l’on aime, avec les sonorités qui nous correspondent le plus en se souciant peu de l’intérêt du public, ce qui s’apparente dans le cas de B.E.P à leurs premiers albums. De toute manière, je reste persuadé qu’en faisant un art que l’on aime, on touche forcément un public, pas des plus large certes, mais on touche forcément. Le choix de la raison, c’est réfléchir à toucher le plus grand nombre dans une logique de vente. "Elephunk" est le symbole du choix de la voie qui a rapporté le succès au groupe, au détriment de ce qu’ils étaient avant et qui les caractérisait en tant qu’artistes uniques. D’où la transition.
Je ne doute pas du plaisir que B.E.P a pris à faire "Elephunk", mais le bât blesse de nouveau depuis la sortie de leur dernier single : "Yesterday". D’où ma prise de conscience et la critique qui en a suivie, celle que vous êtes en train de lire. Celui-ci, « étonnamment » sans Fergie, a été comme un aveu pour moi (parce je sur-interprète tout c’est bien connu), une sorte de court moment de nostalgie de ce que l’on appréciait. Même si le refrain est électronique et commercial, j’ai retrouvé Black Eyed Peas (sans « The » ! D’ailleurs le « The » est bien le symbole de l’ego-trip qui a commencé à poindre le bout de son nez avec "Elephunk"). L’histoire de 4 minutes dans un son hip-hop. Je respecte néanmoins le groupe pour avoir été au bout de son choix, à savoir nous sortir deux albums ("The E.N.D." et "The Beginning", ndlr) à 95% électronique en continuité de leur lancée mais en total opposition de ce que faisait le groupe à ses débuts. Ils ont voulu faire bouger les foules, produire une musique bien plus accessible, toucher à tout le monde, élargir leur public et donc élargir les portemonnaies à aller conquérir. Contrat rempli.
Elephunk, en tant que tel, un album de hip-hop/pop sorti en 2003, à l’orée de la décennie du début du consumérisme musical à outrance, est un des albums charnières de l’évolution du rap comme art musical au rap comme moyen commercial. Pire, il va démocratiser ce mouvement. Oui monsieur ! Ni plus, ni moins. D’autres albums de rap avaient fait bien auparavant le travail niveau vente de CD, mais ce sont des albums intemporels ou des albums de Nelly. Et ces classiques ont été si vendu en tant que purs albums et pas pour d’autres « qualités » (entre "The Marshall Matters LP" et "Elephunk", il y a quand même un gouffre qualitatif…). Le gouffre rapologique de la décennie 2000 n’était qu’une période d’adaptation.
Il faut bien comprendre l’époque dans laquelle on vit, où la musique est un moyen de faire de toi, simple humain sans talent, le plus lucratif de tous les artistes. Tout, ou presque, est capitalisé, monétarisé. Le but suprême, c’est faire de l’argent avec la culture de masse, car c’est elle qui consomme et qui est la moins armée face aux logiques commerciales. Je ne vous apprends rien, j’espère ? Ce n’est strictement pas rabaissant. Vous savez, le marketing et le commerce, c’est l’art de vendre un produit. Considérez la musique comme un produit comme tant d’autres, et il sera normal d’essayer de faire consommer ce produit par le plus grand nombre. Logique commerciale. Voilà, la musique n’est plus un art, c’est un produit. Bienvenue au XXIème siècle. Le talent, c’était bien avant, pour les gens qui aimaient la musique, ces vieux puristes que tout le monde déteste mais envie secrètement. Plus besoin de talent, on prend un type au hasard, aucune maîtrise de la langue, qui utilise des punchline de merde, avec aucun flow, des rimes de merde (ça va avec le parler), de la musique faite avec le cul en 3 cliques sur une boîte à rythme et un clavier et une répétitivité extrême, et on obtient un Jul qui fait des millions de vente. Pas illogique que son label s’appelle « D’or et d’argent », on sentait bien la logique économique derrière. Nous sommes devant la quintessence du mauvais goût, de la médiocrité, du nul, de la fraîche bouse que les vaches de mon pré ont sorti ce matin. Et ça marche du feu de Dieu !!! Et je suis en droit de me demander pourquoi.
Je vais partir d’un constat simple : du point de vue du public, la passion a remplacé la raison depuis belle lurette. Du point de vue des artistes de rap, la raison a remplacé la passion depuis peu.
Du point de vue du public, le pourquoi est aussi simple que compliqué, et ce résume en quelque sorte au « choix du doudou ». Quand je parle avec mes camarades (parce que j’enquête pour faire mes critiques, ce n’est pas beau autant d’abnégation ?), la chose qui ressort le plus de leur discours, plus que d’apprécier la musique, c’est le défoulement, c’est-à-dire le moyen de se libérer de ses tensions. Mais quelles tensions ? Un réponse est apparue à mon esprit : la pression de certaines choses est devenue trop imposante, comme l’importance du confort de vie et le besoin d’argent qui en suit. En plus de cela, la difficulté de comprendre le monde et d’y voir un certain sens (signification/ direction), dans l’embouteillage que représente l’information et sa compréhension, dans l’immoralité de certains comportements qui déchainent notre quotidien, dans l’avenir assombri des nouvelles générations qui trouvent difficilement leur vocation à force de raison, dans la violence et les mensonges au final macroscopiques qui polluent la sphère médiatique, dans les techniques consuméristes aliénantes que tout le monde connait et tolère, dans la couverture individualiste qui recouvre peu à peu d’un voile l’humanité, dans tellement d’autres choses…
La musique, bien que fait parfois dans ce but, peut nous permettre de se libérer, danser, s’éclater une bonne fois pour toute sans penser à ce qu’il se passera après, vivre l’instant présent de manière pure, en prenant en compte les stupéfiants désormais répandus qui font vibrer le corps sans nécessairement l’âme. On essaie de vivre de la musique, de vivre de son rythme, des refrains que nous connaissons qui nous permettent de hausser la voix et de nous sentir confortables. Danser ou chanter, c’est vivre la musique comme une passion. B.E.P. qui fait des refrains chantés, c’est plus facile pour le commun des mortels de pouvoir siffler l’air sous la douche. PLATON nous disait : « La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée ». La musique, chez le public, permet désormais d’exprimer de plus en plus de passion, puisque le niveau artistique diminue peu à peu et que l’essor des boîtes de nuit marque bien son affection grandissante. La radio, puis internet ont démocratisé le mouvement. On préfère conserver le doudou car la musique rappelle également une époque, le fameux phénomène biologique du « c’était mieux avant » qui fait frétiller notre sensibilité, aiguise au présent nos écoutilles spirituelles et tue par là-même toute négativité réflectionnelle.
Il reste néanmoins plus facile de faire apprécier de manière massive des musiques qui ont pour but de se faire apprécier de manière massive.
Du point de vue de l’artiste, je vais me faire plus acerbe, tout en comprenant très bien la démarche. Chez un artiste connu, certaines musiques (voire toute) auront pour destination le public et la radio, les autres s’adresseront à ceux qui aiment l’artiste et sa musique : je pense à "To Pimp a Butterfly" ou "All American Bada$$" pour sortir deux albums connus qui illustrent ce registre et qui sont osés à notre époque de Trap. Chez B.E.P après "Elephunk", c’est le néant ou presque : à part les singles, le reste des musiques de leurs albums n’auront qu’un quasiment qu’un but de remplissage. Combien « d’artistes » tiennent-ils leur revenu et leur notoriété du fait d’avoir choisi pour leur doudou la voie de la poubelle musicale, pour peu qu’ils fassent bouger la plèbe et vendent ? J’ai demandé à quelques-uns de mes amis pourquoi ils aimaient des artistes comme Jul, la réponse a été clinique :
« Ce n’est pas que j’aime bien, c’est juste que c’est de la musique pour faire la fête ».
_Musique pour faire la fête ?
_Pour bouger, se défouler.
On retrouve ce fameux refrain que j’évoquais plus haut. Mais je comprends la démarche, et j’accepte. Comme si l’ensemble de ces artistes de merde (enfin j’accepte…) était mis sur un piédestal car ils avaient su faire (et quel effort me direz-vous) une musique au refrain qui bouge par répétition. Comme si ces artistes pensaient qu’on écoutait de la musique uniquement pour bouger son fessier. Vous n’avez rien compris ni inventé messieurs/mesdames (pas de jaloux) les revendicateurs d’une culture hip-hop sans culture. Parce que The Black Eyed Peas avait déjà grand ouvert la porte, vous êtes seulement allée plus bas, plus bas étant plus basique. La Trap reprend désormais le principe, même si certains artistes tirent leurs épingles du jeu. Eventré le doudou, mort la bête, vive la quête. Vive la raison, la rationalité, vive l’intelligence commerciale musicale. J’entends dans l’oreillette que les artistes que je cite kiffent la musique qu’ils font, qu’ils la font par passion. Sauf que vous n’êtes pas des artistes, vous exprimez votre manque de talent musical car vous n'êtes, au final, que votre propre public. Vous plaisez, certes, parce que le niveau musical diminue en même temps que l’attente de la foule . Je reste cependant persuadé que l’art est le produit de l’imagination ou la reproduction d’un talent. Pas d’un produit commercial. Ou l’art est partie dans une direction trop simple qui accompagne la simplicité que l’on veut ressentir dans les moments où l’on veut juste vivre nos sentiments de bonheur sans le poids de la réflexion. Je n’ai rien à reprocher au public, qu’il se fasse plaisir. On en a bien besoin. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Mais certains artistes ont bien réfléchi à comment vendre leur âme au diable, quand celle-ci n’était pas déjà damnée, en trahissant le style de musique que j’apprécie plus que tout, et ne renouvelle en rien celui-ci. Et surtout, voyant de belle manière le public se déhancher, depuis les années 90, sur des musiques commerciales en boîte, ils ont très bien vu la fibre lucrative. Elle a mis 20 ans à arriver mais elle est désormais ancrée.
The Black Eyed Peas, je vous aime par passion autant que je vous déteste par raison. J’ai décidé de ne faire aucun choix, j’ai conservé les vieux cd dans ma bibliothèque audio et j’ai préféré oublier le reste, même si j’apprécie quelques musiques par çi par là ("Don’t Phunk with my Heart" ou même "Rockin To the Beat" de "The E.N.D"). J’accepte le choix qu’ils ont fait, j’ai remplacé leur musique par d’autres depuis longtemps. Juste, ne nous faites donc pas mine d’être nostalgique de l’ancienne époque avec "Yesterday", vous avez voulu faire du biff’, c’est gagné, maintenant que tout le monde s’est lassé de votre manque de renouvellement musical, la pente va être difficile à remonter. Mais le mal que vous avez fait à la Musique et votre contribution à son appauvrissement actuel vous incombe de belle manière.
De manière personnelle, j’ai gardé mon doudou, qui est toujours à mes côtés. J’ai fait le choix de préférer mes passions tout en contrôlant ma raison, de ranger mon égo de côté pour savoir apprécier des artistes que le rap a enfanté qui ont beaucoup trop grandi, comme ceux qui aiment Booba de l’ancienne époque. Ces enfants insouciants et créatifs qui sont devenus plus calculateurs lors de leur adolescence, et qui peu à peu oublier qu’associer le cœur et la raison est possible. Le monde n’est pas si manichéen que cela. Bonjour Kendrick Lamar. Bye Bye The Black Eyed Peas.
Créée
le 14 janv. 2018
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