Cette tournée avec le NDR bigband était consacrée au répertoire de Duke Ellington, avec « Take the A Train », « I Got it Bad », « Lush Life », une grande passion d’Al Jarreau comme il a pu le raconter : « La musique de Duke Ellington a eu une influence décisive sur l'époque où j'ai grandi - dans les années 1940. C'est pourquoi sa musique est le cœur et le centre de ce que je suis musicalement aujourd'hui. Si vous êtes auditeur ou musicien, il y a toujours un peu de Duke Ellington en vous ». A la fin de l’année 2016, il se produit avec cette formation en Europe et c’est là que cet album en public a été enregistré, au Paradiso d’Amsterdam et à Monte Carlo. J’aimais beaucoup cet artiste qui faisait de sa voix un véritable instrument et sur les morceaux les plus lents, comme le blues « I ain’t got nothing but the blues », sa voix tient encore bien le coup. Sur les morceaux plus swing, plus rapides, c’est beaucoup moins le cas et on le sent fatigué malgré sa passion et ses efforts, sa voix manquant souvent de souffle. Quand on repense au live magnifique « Look to the Rainbow », le passage du temps et une santé de plus en plus fragile font mal. Il n’en reste pas moins qu’on passe un bon moment et qu’on l’entend heureux de pouvoir se produire en public. Malheureusement, le reste de cette tournée a été annulée quand début 2017, Al, qui avait de plus en plus de problèmes de respiration, tombe malade à cause d’un épuisement généralisé. Il est mort à l’hôpital en février 2017. Cet album est touchant car Al revient au jazz là où il avait commencé mais qu’il n’avait jamais abandonné même si son répertoire était plus pop dans les années 80. Ca n’est pas un indispensable et ça explique peut-être pourquoi il ne sort qu’en 2024.