elseq 1–5
7.5
elseq 1–5

Album de Autechre (2016)

Ça étonne encore quelqu'un?


Beaucoup de prétendants au trône, mais les Rois sont toujours là, et impossible de les déloger. Æ en montgolfière au dessus du game, enterre vivants les jaloux.


Elseq est un monument, un monolithe, la pierre angulaire de la musique du futur. Quintuple album dans les dents, du glitch pur à l'IDM, en passant par le Drone ambient et le mélange des 3, Æ déploie son savoir-faire unique dans une palette de styles grandiose, prouvant magistralement et une fois de plus que personne n'est à leur hauteur.


Déstructuration triple, à la fois du rythme (jeu sur le 4/4 classique permanent), de la mélodie (atonalité) et de l’harmonie (cacophonie permanente). Tout est en dehors des règles, ça ne devrait pas fonctionner, et pourtant... On m'a souvent dit, les rares fois où j'ai essayé de faire découvrir ce type de musique autour de moi, que ça ressemblait à des bruits aléatoires. Une oreille peu avertie aura en effet du mal à percevoir l'intérêt de cette atonalité systématique, et saisir les patterns complexes qui s'enchevêtrent, se tordent et se perdent dans un brouhaha informe (qui n'en est en fait pas un).


Car derrière le chaos apparent, il y a une logique impénétrable mais qui fonctionne. Seul Sean et Rob ont le secret de cette logique, qui fait leur force depuis très longtemps maintenant ; bien que traditionnellement, on considère que c'est Confield qui marque la rupture dans leur discographie, je pense que cette rupture est plus ancienne, que Chiastic Slide et surtout son EP compagnon Cichlisuite (donc 4 ans avant Confield) étaient déjà parti assez loin dans cette triple expérimentation, et qu'on pourrait même pousser jusqu'à Envane (Latent Quarter, par exemple?). Cela implique que c'est entre Tri Repetae (95) et Envane (97) qu'un changement radical d'approche s'est opéré. Mais bref, j'y reviendrai peut-être une autre fois.


Je parle de changement radical dans l'approche, mais le fond reste le même : alors que le reproche est souvent fait que depuis Confield, c'est plus comme avant, c'est moins mélodique, c'est plus froid, je désapprouve totalement cette idée et maintiens le contraire. C'est même l'aspect le plus fondamental de leur musique. La dualité paradoxale entre la froideur mécanique rebutante et austère, et la chaleur organique des émotions qu’elle provoque ; c'est l’élément le plus fondateur et essentiel de l’ensemble de la discographie du groupe. Des robots avec des émotions en fait. C'est difficilement explicable, mais leur musique provoque chez moi une réaction émotionnelle forte ; malgré une apparence aseptisée et glaciale, leur musique reste profondément humaine. Et je sais que ça parait pompeux et même un peu con comme idée, mais les quelques très grand fan (et connaisseurs) du groupe suprême m'ont plus ou moins parlé de la même chose. Mais ça aussi, je reviendrai dessus un jour, plus en détail et mieux.


La comparaison a déjà été faite, mais je vais revenir dessus : Elseq, c'est l'équivalent de Kesto (234.48:4) dans la discographie de Pan Sonic. Un démonstration de force, un coup de katana dans le game. Kesto est plus compartimenté que Elseq, rangé par genres. Ici, tout se mélange, ça se bouscule sans arrêt, mais l'idée est la même : une œuvre maitresse, (excessivement?) longue et dense, résumant 20 ans d'expérimentations de tout bord. Évidemment sur 4 heures de musique tout ne peux pas être au niveau maximum. Le disque 2 par exemple, non pas qu'il soit mauvais, mais je trouve qu'Ils se perdent un peu, Ils se répètent trop, c'est moins intéressant que le reste. Quelques morceaux un peu ennuyeux par ci par là, mais de manière générale on a affaire à une des œuvre les plus complexes, dense, et incroyable de la décennie.


Plus de 20 ans de carrière, 12 LP et une quinzaine d'EP à leur actif, et Ils trouvent encore le moyen de massacrer la concurrence comme ça, c'est pas croyable...


CD4 > CD3 = CD1 > CD5 > CD2. Classement assez difficile parce que la différence de niveau entre les CD est minime.

Woozz
9
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le 4 juin 2016

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Woozz

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