C’est bon, on a la confirmation que je craignais : Dälek se pose en gardien du temple. Un inamovible défenseur des tables de la loi du hip-hop mais avec ce son, si novateur à leurs débuts, qui a fait leur réputation. Ils ne le cachent pas, car la pochette révèle tout de "leurs philosophies en danger". Il en est même regrettable que derrière sa superbe esthétique se cache une métaphore bonne pour la benne à ordures (la menace serait blanche et le ghetto lutterait contre elle avec ses propres moyens ? Pour le coup, c’est aussi manichéen que du Morsay).


En ces temps où le rap est devenu une espèce de daube froide, cynique et sans âme, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Hélas, cela le devient lorsque la musique plonge dans la caricature. Cet album commet la même bourde que Asphalt for Eden, celle de la stagnation artistique. Le duo MC dälek et DJ rEK n’ayant plus la moindre volonté de surprendre. Pire, on est devant une copie de leur chef d’œuvre : Absence. Ce hip-hop industriel aux nappes noisy très shoegaze. Sauf que Endangered Philosophies est bien plus lisse et délavé, car délesté de l’aspect extrême du sommet originel.


Ce disque n’est pas mauvais, il est simplement anecdotique. Si vous aimez l’œuvre citée précédemment, vous l’écouterez sans problème et peut être même avec plaisir (« Weapons » et « Battlecries » sont de très bons morceaux par exemple, « Sacrifice » et « Numb » valent le coup d’oreille également). Cependant, il faut être un sacré fan(atique) ou avoir un niveau d’exigence bien bas pour le considérer comme une sortie qui marquera l’histoire du rap et même du groupe. Entendre de nouveau ces rythmiques mid-tempo, ce son grésillant similaire d’une piste à l’autre et ce flow patibulaire qui n’a plus l’urgence des grandes années, ça lasse, ça fatigue et ça déçoit.
Le plus déstabilisant étant que Dälek semble avoir une foi inébranlable dans sa démarche passéiste. Car ce septième travail studio est beaucoup plus long que le ramassé Asphalt for Eden. « A Collective Cancelled Thought » se permet même d’atteindre les symboliques sept minutes ! Dommage que le résultat soit autant prévisible que pataud.


En vérité, le duo a commencé un travail de sape très inquiétant. En restant fermant attaché à leurs acquis, ils sont en train de ringardiser une recette qui a fait ses preuves. Le plus triste, c’est que c’est involontaire de leur part. A moins que cet album ne soit qu’un prétexte pour une tournée. Alors dans ce cas, je vous conseille de garder vos précieux deniers pour assister à un de leurs concerts. Ce qu’ils ont perdu en puissance en studio, ils l’ont gagné en intensité sur scène. Dälek est une expérience à vivre en live et fait relativiser sur la férocité de nombreuses autres bandes rock et metal.
Il n’empêche, cela reste décevant qu’on ressente plus cette vibration tellurique et bruyante sur leurs disques. En espérant que cela ne soit que temporaire pour eux. Sinon, cela signifiera que le hip-hop alternatif a définitivement perdu un de ses meilleurs représentants.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 17 déc. 2017

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