Lifelover est un groupe suédois classé dans le Black Metal qui apparait autour de 2005 se composant de 4 membres dont 2 fondateurs. Rien de bien étonnant jusque la puisqu'on est habitué aux groupes de BM scandinaves qui n'en finissent plus de se copier les uns les autres sans réelles innovations (le folklore maquillage et tenues de cuirs fait définitivement très ringard/beauf à mes yeux... "Hé les mecs on est en 2012, déjà on se tape les emos et les metrosexuels donc faudrait voir à se radicaliser autrement", enfin juste un petit conseil au passage pour les néo - brandisseurs de swastika qui voudraient être pris au sérieux...). Déjà on est agréablement surpris en ouvrant la pochette de voir des types tout ce qu'il y a de plus cools (on dira même naïfs, terme qui met en scène la tendance de l'album dont je reparlerai plus tard) et qui ne se prennent pas au sérieux. On les voit assis tranquillement autour d'un feu en train de rigoler, les visages sont masqués ou floutés et les pseudos utilisés sont assez originaux : () pour le chanteur, B pour le guitariste/bassiste/claveriste, H pour le guitariste et Non pour le batteur. Et l'originalité dépasse toute limite lorsqu'on place enfin le média dans son lecteur...
Erotik est un ovni inclassable ! L'album s'introduit sur une ritournelle mélancolique synthé/guitare qui rappelle certains passages ambiant un peu kitsch d'un Daudi Baldrs ou un Hidsjklaf (je fais cette comparaison à Burzum parce qu'on la retrouve sur plusieurs titres à mon goût et son influence est indéniable ici, comme pour beaucoup de groupes du style). C'est d'ailleurs ce kitsch qui est plaisant en fin de compte, il semble donner vie à une gaieté improbable dans cet amoncellement de dérangement mental évident, ce qui le rend encore plus malsain. C'est un peu comme quand quelqu'un à l'esprit ravagé par les anti-depresseurs prononce la phrase "La vie est belle" ou la vision d'un clown en train de pleurer. Lifelover c'est ça ! C'est cette espèce de contradiction, cette incarnation du non sens chantée par un pop-rock grungy. Les riffs accrocheurs entre le désenchantement dépressif et le bipolarisme sont leur marque de fabrique.
Les compos sont structurées de manière classique mais toujours très judicieuse. L'usage de samples vocaux est assez fréquent sur l'ensemble de l'opus et le chant est quant à lui parfaitement maitrisé. Limpide, clair et emprunt de désespoir sur quelques titres, un poil crooner sur d'autres, carrément écorché pour certains. Le titre "Välkommen Till Pulvercity" est définitivement un de mes préférés avec son chant maladif et possédé et ses riffs simples mais ô combien efficaces (Burzum... il en aura inspiré du monde !). On retrouve la encore cette touche kitsch avec le hand clap présent sur la fin du morceau, une touche non négligeable qui renforce cette vision d'un type qui éclate en sanglots tout en riant à gorge déployée, tandis que "Museum Of Past Affections" vous portera dans les lîmbes de son rock désabusé , naïf et chaleureux. "Niklot", lui, est hallucinant et se compose de 2 parties bien distinctes : sur la première on pourrait presque claquer des doigts, une sorte de piste jazzy lounge (???) d'excellente facture, la seconde comporte un riff BM pur et dur où la batterie et la voix sont passées à l'envers, superbe !
Entre titres ambiances expérimentales, grunge agressif et lugubre, BM et lounge, cet album est un véritable univers à explorer, il plaira sans doute aux plus éclectiques des black metalleux et aux amoureux des ambiances psychés dark bien avant-gardistes.