Françoise Hardy continue son chemin de croix dans le milieu, avec un son doucement mélancolique, ne "manquant pas de vitamines". Elle continue encore d'expérimenter sa musicalité, mais en s'attaquant à la voix. Cette dernière se multiplie au profit d'une sensation très perturbante : Françoise Hardy réalise son premier album en duo, mais avec elle-même. Les cœurs, interprétées par elle-même, laissent béats. Ainsi, la chanteuse offre une nouvelle vision de son œuvre, en abordant celle-ci de manière encore plus cherchée, sans tomber dans le flegmatique, dans la paresse artistique.


Finalement, Hardy, avec sa décennie de carrière lors de la sortie de l'album à la double "prestance", est au sommet de sa carrière, elle sort un nouvel album encore recherché, se renouvelant sans cesse : je pense notamment à Pardon ou même à La Berlue qui divulguent de nouvelles inspirations chez notre chanteuse coriace, se référençant à un son assez américain, parfois proche de l'univers western. L'harmonica et la guitare sont accordés à cette ambiance si différente, où l'amour reste fréquemment étudiée. Françoise Hardy a elle-même dit qu'elle ne savait parler que de cela, donc pourquoi s'en plaindre ?


Sa voix continue toujours à être si particulière, voire aérienne. En effet, chaque morceau a une empreinte si différente, de part sa voix réservée, mais sensuelle, mais aussi grâce aux variations rythmiques entre les morceaux. Entre Cafard et Où est-il, rien ne se ressemble. Pourtant, nous ne sommes pas déconcertés par les divers changements, car cela participe à l'ambiance privilégiée de cet album.


Débarrassée du yéyé depuis déjà des années, Hardy s'est préparée à connaître sa dernière "folie artistique", puisque cet album va connaître un échec monumental. Elle eut totalement oublié la promotion, par sa propre volonté, l'obligeant à chercher une nouvelle maison de disque. En novembre 1973, elle sort Message Personnel, produit par Michel Berger, qui perpétue sa volonté de recherche artistique. Pourtant, Et si je m'en vais avant tout est totalement oublié, excepté par le titre éponyme repris par Étienne Daho sur La Notte, La Notte. Malheureusement, l'album ne mérite pas cet oubli, tant qu'il reste excellent, par la façon de traiter les thèmes fétiches de Françoise Hardy, par l'interprétation harmonieuse et originale de l'orchestre sur la déblatération continue de la compagne de Dutronc...


Comme pour Seppuku de Taxi Girl, c'est à la fois superbe d'imaginer que de tels albums existent dans le milieu musical français, mais aussi malheureux de se dire que ces œuvres restent méconnues. Ma jeunesse n'est pas prête de foutre le camp...

Amomo
9
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le 8 déc. 2015

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