Attention!! Petite pépite en vue !! Dans cette critique nous allons nous attaquer au monument du jazz éthiopien, j'ai nommé Mulatu Astatké. Problème, cette magnifique compilation n'a malheureusement pour nous pas été pressé sur vinyle. Pour moi qui suis tombé sous le charme de cet album mais qui me suis promis de critiquer uniquement les albums sortis en format vinyl et en ma possession, je suis dans l'impasse la plus totale. Ne m'en voulez pas mais je vais faire une petite exception (qui confirmera la règle) pour ce petit bijoux trop méconnus à mon gout, il n'y aura donc pas de critique concernant la pochette de cet album.
Mulatu Astake est un musicien, percussionniste et arrangeur éthiopien né en 1943 à Jimma en Ethiopie. Il est connus comme étant le père de l'ethio jazz, style musical que j'ai découvert il y à 2 ans avec cet artiste. Particulièrement actif dans les années 60, c'est en 2005 qu'il se ferra connaitre du publique non initié (comme moi), lorsque certains de ses titres figurent dans la bande originale du célébrissime, très bon mais étrange "Brocken Flowers" de Jim Jarmusch ("Dead Man" et "Cofee And Cigarettes").
Les Ethiopiques c'est donc une collection en 29 volumes sortis sous le label Buda Musique entre .... et ..... . Cette collection traite tout au long de ses divers compilations de la musique éthiopienne (uniquement jazz ??) à travers différent artistes (Mulatu Atsatké ou Mahmoud Ahmed pour ne citer que les deux seuls que je connaisse) et divers époques. Aujourd'hui nous nous attarderons sur le 4ème volume de cette collection (peut-être le plus populaire), synthétisant en 14 titres la musique du papounet de l'éthio-jazz entre 1969 et 1974.
Sur cet compilation, Mulatu nous livre une musique se rapprochant du jazz, de la soul, voir parfois du funk mêlée à divers percutions africaines et instruments ethniques comme des flûtes faisant ponctuellement divers apparitions sur certains titres (Asmarina). L'ambiance est particulière, nonchalante et hypnotique (limite spirituelle tant certains titres vous envoûtent). Le style est assez difficile à décrire. Dans cet opus, le saxophone règne en maître. Au centre de l'album, la saxophone est joué d'une manière me rappelant les flûtes des charmeurs de serpent, c'est assez flagrant sur le titre Gubèlyé qui est, soit dit en passant, vraiment somptueux (désolé pour la comparaison au combien chelou mais j'essaie de mettre une image sur une manière de jouer cet instrument qui est pour mes jeunes oreilles relativement inédite). L'improvisation de ce dernier se fixe sur une rythmique plutôt funk travaillé, parfois répétitive mais très souvent chiadé, on sent que les musiciens vivent leur musique et ça c'est génial à entendre. Le son sonne un peu crade sur certains titres (peut être est-ce lié au matos des studios où étaient enregistrés ces titres qui ne bénéficiaient peut être pas à l'époque de mêmes moyens que certain studios célèbres comme Abbey Road ou Marble Arch à Londre). Personnellement je suis fan de ce genre de son un peu roots, cela confère une certaine patine qui donne vraiment du charme à certains styles (comme le blues ou le rock), bref j'adhère complètement au son un peu "cassé" de l'album.
Pour conclure, c'est un gros coup de cœur atypique qui m'a permis de m’initier à la musique africaine (particulièrement en vogue depuis quelques années chez les mélomane) et à la quel je n'était pas vraiment réceptif il y a encore peu de temps. L'aspect ethnique de l'album n'est pas trop poussé ce qui rend l'écoute de ce dernier vraiment facile (même à ceux qui comme moi sont complètement paumé dès qu'il s'agit de musique africaine). Une fois que l'on à goûté à cet album, on se surprend à le réécouter de manière récurrente, juste pour le plaisir. Bref inutile d'en parler des heures et des heures, ce style est génial, cet artiste est génial, et cette compilation est génial elle aussi.