Dimanche 9 avril 2023, 18 heures et 36 minutes, entre deux cris de poulet en train de se faire étrangler et quelques gros-plans sur des collants à motifs léopard prêts à rompre, le génie d'Afida Turner se révèle à la pauvre âme débauchée que je suis. Quelle femme, quelle tigresse, voulais-je évidemment dire. En 1920 par 1080 pixels, couplés à un équipement sonore immersif, Étienneuh est entré en moi, pour ne plus jamais en sortir.
Cette reprise du titre éponyme de Guesch Patti débarquant sur les ondes et les chaînes musicales en 1987 permet à Afida de déployer à la fois son talent de chanteuse née et sa poitrine débordante; quand on dit qu'il faut être polyvalent, de nos jours. Seule Afida peut capter l'attention du public, pour lui faire atteindre le paroxysme de la jouissance musicale. Électrique, éclectique, ensorcelante... entre ses barres parallèles de rééducation (y'a les mêmes dans Patients), Afida donne un bon coup de neuf à ce titre, dont les séquences sulfureuses dans les années 1980 avaient fini par vieillir.
Et, si notre Afida nationale ne fait plus tomber la chemise comme sa prédécesseure, on lui pardonne. Les personnages du clip sont tous magnifiés par des accoutrements de haut standing, entre le marcel style Freddy Mercury et la lingerie douteuse tout juste volée chez Tati (RIP, on t'aimait).
Côté chorégraphie, Afida puise encore sans grande surprise dans le répertoire aussi folklorique qu'immense des années 1980. Ses passages au sol de haute volée (je pense même que c'est une cascadeuse qui a dû les réaliser à sa place), entre deux coups de crinière, se calquent sur le modèle établi par Sabrina (Boys Boys Boys). Remuer les prothèses mammaires d'un côté, déployer son fessier de l'autre, comme dans All of Me; on t'a vue Afida, c'est pas bien de copier les grandes !
En somme, Afida est bien loin de la créature écervelée que les médias essaient de nous dépeindre. Sous ce portait fallacieux jusqu'au bout des ongles - des prothèses ongulaires -, se cache une lionne dont le talent nous submerge durant les 4 minutes et 2 secondes de cette gifle musicale. À cheval entre les sonorités mythiques et les paroles farouches des années 1980 et les canons actuels, cette reprise d'Étienne ne pouvait s'offrir de meilleur coup de polish. On ne peut être que navré que ce hit n'ait pas figuré dans les compilations de cet été et n'ait remporté aucune récompense pour son interprète indomptable...