Après Free, page jazzy réussie entre rêverie poétique (le texte de Lou Reed) et cinématographie roublarde (James Bond) assombri par quelques orages qui appellent à une certaine contemplation, Iggy Pop récupère une petite brochette de musiciens au C.V costaud. Pas les plus fins du lot certes, mais très vraisemblablement autant amusés que lui à l'idée d'enregistrer un disque rappelant par flashs ce qui a fait la (bonne ou mauvaise) réputation de l'auteur de L.A Blues, cette messe noire, ce rite satanique épouvantablement free qui entre dans sa cinquante-troisième année et qui met à mal en quelques mots à peine audibles (ou éructations, grognements, au choix) toute la vulgarité ridicule des plus mauvais titres de cet Every Loser sorti quasiment simultanément à la réédition étrange de ses reprises françaises.
Programme chargé car Iggy Pop a choisi de ravir les fans : gimmicks comme avant (Modern Day Rupoff et ses aboiements et quintes de toux dignes des premiers Stooges), timbre grave et beau rock (Strung Out Johnny), parlé chanté dont on ne peut se lasser et qui font qu'on a aimé L'Eloge de Rien de Boris Mitic (New Atlantis, The News For Andy, My Animus), rock FM genre B-sides de Liam Gallagher (All The Way Down, Morning Show), gros mots (l'affligeant Frenzy), refrain 35 ans d'âge (Comments), culminant dans une conclusion énervée à la production pas inintéressante, hybride d'un peu de tout et d'un peu de rien. C'est d'ailleurs la sensation que laisse en bouche cet album qu'on croirait fait à quatorze mains qui, heureusement, reste porté in fine par la griffe inimitable de son auteur, entre narrateur génial et punk rigolo à la peau qui pendouille. Get outta here Iggy!