On pourrait rapprocher ce bel album fourre-tout de son illustre cousin du Royaume, l'indétrônable américain Exile on Main St., parce qu'il dispose des mêmes armes côté coulisse et du même sens pictural pour dépeindre l'amour sous tous ses états, beaux ou peu reluisants, avec en toile de fond le rock'n'roll, la country, le folk.
Comme des petits joyaux assemblés pour former un souvenir charmant et charnel, palpable, exprimés par la voix de Rod Stewart qui accroche ici le bitume sans trop perdre de plumes (pas comme sur Long Player la même année), les reprises sont tantôt belles (Tomorrow Is A Long Time, morceau oublié de Dylan, Reason to Believe de l'infortuné Tim Hardin), tantôt électrisantes ((I Know) I'm Loosing You), tantôt dispensables (That's All Right / Amazing Grace, ça suffit!), avant que les véritables morceaux originaux viennent éclabousser ce joyeux tableau.
En premier, on le sait d'ailleurs depuis cinquante ans, Maggie May, l'un des plus beaux morceaux Rock FM du monde, puis ce petit miracle Mandolin Wind, qui comme son nom l'indique joue la carte du romantisme à la gratte italienne et c'est superbe. Enjoué et truffé de bonnes ondes, on éprouve pour Every Picture de la tendresse parce qu'il n'est pas définitif, ni même cent pour cent du pédigré de son auteur, les originaux se comptant sur les doigts d'une main. Ceux d'Exile se comptaient sur tous les doigts du corps. On l'écoute tout de même encore aujourd'hui avec le même sourire et panache.