Le gris de la stase
Damon Albarn a le bourdon. Plus proche désormais de la cinquantaine que de la quarantaine, le voilà au bord de la midlife crisis. On imagine sans mal la remise en question d'un mec avec une telle...
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le 11 mai 2014
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Damon Albarn, c'est un peu le génie touche à tout qui opère depuis environ une trentaine d'année depuis le début des années 90 jusqu'à maintenant, essayant à chaque fois de se réinventer, de ne pas tomber dans l'auto caricature, bref, d'évoluer. Il est possible, à mon humble avis, d'oser la comparaison avec Steven Wilson, bien qu'officiant dans un autre genre (la pop pour l'un, le prog-rock pour l'autre), les deux bonhommes semblent avoir le même mode de création, et une carrière presque similaire: Un groupe de départ avec lequel ils connaissent le succès, un autre groupe, puis enfin une carrière solo. Sauf que pour Damon, il s'agit du seul et unique album solo qu'il livra, en 25 ans de carrière, des tubes à la pelles, des groupes tous plus géniaux et inventifs les uns que les autres, explorant la musique à sa guise.
Après avoir sorti plusieurs albums avec Blur, enchaîné trois succès avec Gorillaz, et un album de supergroupe avec TGTBTQ, Damon décide ici de faire quelque chose que j'aime: ce livrer, nous montrer qui il est.
Damon, franchement, va voir un Psy. L'album est triste, gris morne, à l'image de la couleur de la pochette. D'ailleurs, parlons en de la pochette, sobre et élégante, avec uniquement Damon en photo, baissant la tête, comme une sorte de Requiem et d'Humilité, le tout saupoudré d'une certaine sobriété. Sobriété... Ce mot semble caractériser le plus l'album: un mélange de complexité alliée parfaitement avec une certaine sobriété.
Au niveau des arrangements, de la musique, c'est de la grande qualité, mélange de samples, de musiques trifouillées, mais surtout, et contrairement aux autres projets du Bonhomme, sobre. Damon l'avait dit dans une interview, lorsqu'il fait un album sans quelqu'un à côté, il à tendance à en mettre PARTOUT, tout le temps, sans jamais s'arrêter, preuve s'il en est de Plastic Beach et Demon Days, même s'il sont excellent, il est compliqué de dire qu'ils sont sobre ces albums... Et pourtant, ici, tout est en retenue, laissant la place à la confession, aux états d'âme de Damon, s'exprimant tel qu'il est, avec ses névroses, mais aussi ses réflexions, ses petites histoires, ses envies et ses doutes.
L'album commence avec Everyday Robots et Hostiles, deux morceaux tirés directement de petites observations de l'Albarn, des gens sur leurs téléphones dans l'un, un jeu vidéo dans l'autre. Mais, ce qui est le plus important, est la manière de le dire, de montrer et de décrire ses états d'âmes, et cette manière est d'un pessimisme profond, d'un décalage envers un monde qu'il ne comprend pas, un poète en quelques sorte dans un temps de détresse, osant la critique sur ce qu'il juge morne et triste (Big Up Heidegger).
La classe, la sobriété, tout cela... Damon est triste, et il le dit, il le chante, dans plusieurs triste qui étrangement, trouvent un très grand écho chez moi, mes morceaux préférés.
You And Me: La plus longue, une chanson fleuve de 7 minutes découpées entre deux parties. Un morceau en retenue, mais dont le texte est tout simplement magnifique, mais pour le coup, je ne pense pas qu'il s'agisse de la meilleure chanson de l'album, cette palme revenant à...
The Selfish Giant: Quel morceau... Une introduction sobre mais complexe, un piano Jazz et une basse ronde, chaude, en contradiction avec les sonorités électroniques venant brouillé le chaud du morceau. Par contre, je me dois de m'attarder sur le texte: déchirant, tout simplement déchirant. Le Requiem de Damon Albarn face à la drogue, le Géant Égoïste, c'est lui, préférant se morfondre dans la drogue et la musique, plutôt que de passer du temps avec son amour, thème que l'on retrouve dans 13, un album de Blur (un de ses groupes, si vous n'aviez pas suivi).
Une note? Non. Je doute être subjectif puisque cet album à trouvé une certaine résonance chez moi. Je ne connaissais le bonhomme que par le prisme de Gorillaz, et en mûrissant, j'ai appris à approfondir mes recherches dans la discographie de quelqu'un. Je trouve cet album trop méconnu, un bon album, très bon album, pas excellent, mais qui peux soit s'écouter attentivement, qu'en le mettant en fond lors d'une petite réception se voulant plutôt simple et sincère.
Monsieur Albarn, merci.
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Créée
le 9 mai 2019
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