Je n’avais certainement pas prévu de passer une partie de mon été à devoir prendre la défense l’un des plus gros groupes de la planète. Pourtant l’accueil très mitigé de la presse et du public autour du cinquième album d’Arcade Fire me pousse à devoir ouvrir ma boite à camembert. Je ne suis pourtant pas une groupie du groupe, bien que les canadiens aient réussi à me marquer pour des raisons bien personnelles. De toute façon, qui n’a pas été marqué par Arcade Fire ? Autant vous dire que je ne vais pas me faire prier pour défendre le groupe qui est actuellement en train de s’en prendre plein la poire pour de mauvaises raisons.
Vous n’êtes pas les rois du monde.
Bon, je commence par la chose qui fâche et pourtant la plus évidente : Arcade Fire ne nous appartient pas ! Aucun groupe d’ailleurs. Ils ne nous doivent absolument rien. Donc, ce n’est pas la peine de râler. Il ne s’agit pas d’une machine à laver mal réglée qu’on a payé une blinde, c’est un groupe de musique que l’on peut écouter quasiment gratuitement. Ils créent leur musique, ils composent et vous pouvez être déçu et désintéressé par leurs productions. Ça arrive… Mais râler n’a aucun sens. Pourquoi le public et les critiques ne sont pas contents de cet album ? Difficile à dire de mon point de vue, mais j’ai ma petite idée.
L’argument que l’on peut lire presque partout est : « Bah c’est nul ils veulent faire danser. Arcade Fire c’est pas ça, c’est un groupe indé ! ». Donc vous voulez me faire croire qu’un auditeur lambda (ou bien même le plus grand spécialiste) sait mieux que le groupe ce qu’il doit faire ? Accrochez-vous bien car je vous annonce que vous êtes fait pour être un futur champion de curling ! Si un groupe de musique à envie de faire danser les foules, c’est son droit, sa liberté artistique. L’argument du groupe qui devient moins bon car trop pop n’est pas valable (car je sais que vous dansez sur n’importe quel tube de Cindy Lauper). D’autant plus dans le cas d’Arcade Fire qui a toujours été réputé pour haranguer les foules.
L’effet LaLaLa.
J’ai pu lire par-ci, par-là que le groupe devenait ce fameux cliché du groupe de rock qui met des Lalala dans ses chansons. Histoire de faire chanter le public en live et faire rentrer leurs morceaux dans nos petites caboches. Ce genre de procédé est certes un chouilla facile et pas très recherché, mais ça marche. Et puis je ne sais pas si vous avez remarqué mais on parle d’Arcade Fire. Autrement dit, LE groupe qui depuis de sa carrière compose des tubes pour faire chanter le public. « Wake Up », « No Cars Go », « Afterlife » et bien d’autres morceaux sont taillés pour faire chanter le public. Donc que leur titre « Everything Now » utilise la même recette – en mieux cuisinée – n’est pas un affront impardonnable. Par contre c’est un poil feignant. L’un dans l’autre, c’est leur marque de fabrique.
Arcade Fire s’est également toujours démarqué par sa large palette musicale. Rock, electro, folk, dub ou reggae, les Montréalais bouffent à tous les râteliers depuis leurs débuts. Ce nouvel album ne déroge pas à la règle. Ça part dans tous les sens tout en essayant de garder une cohérence dans les textes et les questions abordées par le groupe.
Des textes pas très inspirés.
C’est ici le vrai souci de cet album. Le groupe traite assez mal son sujet. Critique d’internet et des réseaux sociaux, de ces jeunes qui vivent leurs vies à travers les écrans et cette société qui devient de plus en plus absurde. Le sujet est très intéressant et pourrait donner naissance à de très beaux textes. Malheureusement, Win Butler et sa clique ressemblent plus à des tontons bourrés en bout de table lors d’un repas de famille qu’à des poètes inspirés. L’album ne cesse de critiquer la jeunesse qui vit finalement avec son temps, une jeunesse qui à un jour été incarnée par les membres du groupe. Bref, pour la critique sociale, on repassera.
Finalement la plupart des critiques reprochent au groupe d’être Arcade Fire. Le groupe a toujours été un groupe à Lalala et a toujours touché à tous les styles de musiques. Et non, contrairement à ce qu’on peut lire par-ci par-là, Everything Now est en aucun cas un album de Disco. Tout ce qui fait danser n’est pas disco !
Niveau instrumentations, ce nouveau disque est très correct et propose quelques beaux moments. « Infinite Content », « Creature Comfort », et surtout « Put Your Money On Me » et « We Don’t Deserve Love » méritent un place précieuse dans la discographie du groupe. Même le méga-tube « Everything Now » ne fait pas tache, bien que sa version Continued en fin d’album soit bien plus intéressante. Le reste de l’album est certes moins marquant mais pas plus abjecte pour autant. Seuls « Good God Damn » et « Peter Pan » sont un peu ratés.
Au final, l’album n’est pas si naze qu’on peut le dire ! C’est pourtant le moins bon du groupe. Il reste néanmoins un disque de très bonne facture. C’est d’ailleurs une suite logique à Reflektor sorti quatre ans plus tôt. Bien évidemment tout est question de sensibilité. Certains arguments ne tiennent pourtant pas débout et prouvent que pas mal de monde n’a pas porté une écoute attentive au disque. Ah mais non, Pitchork a mal noté l’album. Il doit vraiment être nul alors…