Un 10 totalement subjectif ! Si j'ai écouté et réecouté Exile on Main Street c'est sûrement autant pour le son complet de cet album que pour son histoire. Après avoir lu l'autobiographie de Keith Richards on se sent en tant que franchouillard comme obligé de prêter une oreille plus attentive à cet album. Mis à part la composition sur la Côte d'Azur ce qui est entrer dans cette création est avant tout un souffle de liberté, une envie de repousser ses limites et peut être l'envie simple de faire de la musique.
Dès l'entrée de l'album les guitares se mêlent aux cuivres comme pour chanter un hymne à la joie made in rock in holidays..Une ambiance délicieuse se dessine alors, on s'éloigne des violences d'Altamont et glissons irrésistiblement vers une envie de twister. Le premier souffle de cet album est haletant, le saxophone de Bobby Keys ne nous laisse aucun répit, il est là virevoltant sans se soucier des autres instruments, il est " accessoire" mais en même temps il est l'énergie même qui fait le succès des Rolling Stones. Puis, la fureur laisse place au style blues, les chevilles se reposent et nos oreilles jouissent d'autant plus d'un jeu construit sur des rythmiques efficaces mettant en relief la voix écorchée de Mick Jagger. Et enfin, il est là, il arrive tout doucement, le cultissime " Sweet virginia", l'harmonica et la guitare donnant une certaine intimité laissent peu à peu place aux cuivres qui terminent dans une jovialité plus que communicative. Que dire de plus du duo Jagger- Richards ils mettent le feu aux poudres sans pour autant glisser dans la brutalité pure. Mesurant avec justesse l'évolution de l'album ils ont réussi à rendre cette oeuvre aussi complexe musicalement qu'émotionnellement.
Les bad boys anglais montrent après Sticky Fingers que le rock n'est pas seulement affaire de groupies, d'alcool et de drogues mais bien un amour de la musique, non pas une musique que l'on écoute tranquillement dans son fauteuil mais qui nous met des fourmis dans les jambes, qui nous donne envie de sourire, de rire et même parfois de pleurer et ça c'est rock n'roll !