Exile on Main St. : les Rolling Stones au firmament

Après leur Farwell UK Tour et la sortie de leur album "Sticky Fingers" en 1971, les Rolling Stones font face à des problèmes financiers en Angleterre. La fiscalité s'attaquent à leur business. C'est pourquoi ils décident de s’exiler en France. Keith Richards loue une villa à Villefranche-sur-Mer, dans le Sud, Nellcôte, où le groupe va composer et enregistrer ce qui va devenir leur meilleur opus.

Nommé tout d'abord "Tropical Disease", le double album "Exile on Main St." est une ode à la musique populaire américaine, que les Rolling Stones admirent tellement. En passant par la rock'n'roll, le blues ou encore le gospel, Mick Jagger et sa bande nous livrent une oeuvre majeure de 18 chansons et un disque tout à fait unique au sein de leur (large) discographie.

Dès "Rocks Off", la tonitruante piste d'ouverture, le ton est donné. "Sex, drugs & rock'n'roll", voilà les trois célèbres mots qui caractérisent le disque. C'est un démarrage en trombe avec du rock au tempo inhabituel pour les Stones que nous découvrons dès les premiers instants d'écoute.

"Exile" se poursuit par du blues, tant aimé par le groupe, qui nous plonge dans une ambiance tout à fait unique. Des titres comme "Casino Boogie" ou "Ventialor Blues" nous bercent dans l'Amérique des années 50. Le fabuleux "Sweet Virginia", une des plus belles compositions par le duo Jagger/Richards, est un des points culminants du disque, avec le classique "Tumbling Dice" et le survolté "All Down The Line", deux pistes résolument rock'n'roll.

Le gospel est également à l'honneur. Les titres "Shine a Light", "Loving Cup","I Just Wanna See His Face" ou "Let It Loose" nous rappellent que les racines des Rolling Stones se trouvent également dans la musique religieuse noire-américaine.

Les Glimmer Twins Mick Jagger et Keith Richards brillent dans ce disque, nous livrant des compositions fabuleuses. Jagger est au top de ses performances vocales, s'accommodant à tous les genres auxquels "Exile" rend hommage et est époustouflant à l'harmonica. Quant à Richards, il continue à délivrer ses riffs légendaires et prend même la place de Bill Wyman sur certains titres.

La légende qui entoure l'enregistrement d'"Exile on Main Street" rend le disque encore plus grand. Capturés grâce au studio mobile du groupe, les morceaux ont été conçus dans des conditions inimaginables. Dans le sous-sol de Nellcôte, entre humidité et insalubrité, Mick Jagger, Keith Richards, Mick Taylor, Charlie Watts et Bill Wyman (avec la collbaroation de musiciens d'exception tels Bobby Keys et Nicky Hopkins) nous prouvent qu'ils sont bel et bien le plus grand groupe de rock du monde. Ces conditions de travail et cet environnement d'enregistrement irréalistes se ressentent lors de l'écoute de l'album. La production sera finalisée en 1972 à Los Angeles. S'en suivra la démentielle tournée américaine de 1972, capturée par le film "Ladies & Gentlemen: The Rolling Stones" (restauré aujourd'hui en haute définition), où la débauche prendra des dimensions alors encore inexplorées.

En somme, les Rolling Stones ont atteint en 1972 leur firmament créatif. En sortant cet audacieux disque, décrié à la sortie dans un premier temps par la critique, le groupe rend un hommage extraordinaire à la musique qu'ils aiment et aux artistes américains qu'ils admirent.

Sans rougir, on peut donc dire qu'"Exile on Main St." est bel est bien le meilleur album des Rolling Stones, réussissant à égaler et dépasser le fantastique "Sticky Fingers" de 1971. Une oeuvre majeure des "Papys du rock", mais aussi du rock tout court.

"To me, Exile on Main St. was probably the best Rolling Stones album as far as the connection between the band members" Keith Richards.