Former un groupe instrumental (à part "love insane") reste un pari risqué même avec le soutien du label (4AD) prêt à toutes les audaces. Mais l’époque veut qu’un disque qui n’est pas approuvé par l’incontournable John Peel reste sur la touche, surtout si il souhaite se projeter dans l’avenir. Bien que séduit par le style inimitable du bassiste de PIL pour le son dub (la filiation est beaucoup pertinente avec la compilation de Chrome « No Humans Allowed”), le groupe est à rapprocher d’"A certain Ratio », autre fierté du label concurrent Factory.
Dif Juz (comprendre « Different jazz" ou « diffuse " selon les versions) n’est pas encore le groupe qui va à l’aide d’une basse infra-grave et lancinante côtoyer le dub cher au groupe avec le EP « Vibrating Air » qui clôture ce disque inégal dans la version CD. La faiblesse du disque vient certainement de la partie cuivre et synthé qui peinent à convaincre (sauf sur "Croswind", plutôt réussi), en donnant trop souvent l’impression d’écouter une version instrumentale bien en-dessous du morceau phare (comme cela se faisait à l’époque) tandis que la basse et la guitare ont parfaitement intégré les atmosphères funestes du post-punk et ses riffs new-wave. On peut se focaliser plutôt sur "Soundpool" pour découvrir le groupe, qui compile le meilleur du groupe (avec le mini album de 1983 "Who Says So?”), soit "Huremics" et "Vibrating Air". Le groupe aurait-il gagné à avoir un chanteur aussi charismatique que Ian Curtis, sans doute, encore faut-il le trouver.