Eye Legacy par Bobby_Milk
Difficile de ne pas se rappeler de la jeune Lisa Nicole Lopes, leader du célèbre groupe TLC, elle avait avec ses partenaires Chilli et T-Boz totalement changé la face du R&B contemporain, bien épaulé par L.A Reid & Babyface. En 2002, le destin coupera court à sa gloire ascendante avec ce tragique accident de voiture au Honduras intervenant en plein documentaire sur son parcours. Populaire, extravagante, talentueuse, charmante, la rappeuse/chanteuse était dans une pleine période d'enregistrement à ce moment la. Hormis ses quelques couplets finalisés pour le quatrième album "3D", elle venait de signer un contrat avec Death Row pour sortir son second solo sous le pseudonyme de N.I.N.A., chose qui ne verra jamais le jour... Un an après le drame d'Aaliyah, la musique en prend encore un coup et perd donc celle qui se faisait appeler Left Eye, à cause d'un oeil gauche plus petit que le droit. Après le DVD hommage qui retrace les derniers jours de l'artiste ("The Last Days of Left Eye"), il aura fallu attendre 7 ans pour qu'un album posthume soit conçu et nous fasse réentendre sa voix et son flow atypique. "Eye Legacy" a été dirigé collectivement selon les volontés de sa famille, de Koch Records et de Mass Appeal Entertainment.
On s'attendait à un album haut en couleur à l'image de la chanteuse, une bulle pétillante qui raviverait toutes les mémoires, malheureusement pour nous ce projet semble un bien beau gâchis au niveau artistique. On tombe dans le recyclage de couplets de son album "Supernova" sur des nouvelles productions sans âme du collectif Surefire Music Group & Marcus DL. Ou sont donc passé tous ces inédits soit disant prévu pour son opus posthume? En voila un et c'est le premier single; "Let's Just Do It" originellement bouclé en 1998 avec T-Boz, la version est revu avec une production plus rythmé de Marcus DL auquel s'ajoute Missy Elliot et Chilli au micro. Non sélectionné pour FanMail ni pour son solo, Left Eye avait décidé de garder ce morceau pour plus tard. Dans les chansons retravaillées, revisitées on y retrouve le fameux "Block Party" qui retrouve une seconde jeunesse bien festive, et le résultat est plutôt convaincant avec la venue de Lil Mama et des backs de Marcus "Amandi" Brown. Déception réelle sur l'orientation synthétique d'une production comme "Bounce", il y a beau avoir Chamillionaire et Bone Crusher dessus la style dirty emprunté ici sonne mal.
Dans ce genre d'album on a souvent l'habitude d'y voir une multitude d'invités plus ou moins proches de l'artiste à son vivant, pour le coup ici les attentes sont une fois de plus pas entendu. Pourquoi ne pas avoir fait appel à des chanteurs, rappeurs ou producteurs qu'elle a côtoyé par le passé? Le résultat aurait sans nul doute été plus émouvant et plus authentique que ça l'est. Voir un Babyface recomposer un morceau pour elle, un featuring posthume avec le groupe Blaque qu'elle a lancé, ou même Ray-J avec lequel elle devait concevoir "N.I.N.A.",... rien de cela juste un "Bobby Valentino qui apparaît avec l'aimable autorisation d'EMI" comme on dit, sur "In The Life". "Let It Out" n'est qu'un rafraîchissement de "Tampered With" avec toujours la présent de Wanya Morris des Boyz II Men. Sa jeune soeur Reigndrop Lopes qui est à la co-production du morceau "Neva Will Eye Eva", un des rares titres inédits, est également présente mais derrière le micro cette fois pour l'électronique "Crank it" taillé pour les dancefloor. Point positif: une partie des bénéfices ira directement dans les caisses de la Lisa Lopes Foundation et de l'orphelinat au Honduras crée après sa mort.