Lâcheté et mensonges
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Avec "Com Defeito de Fabricação", album publié sur le label de David Byrne qui avait découvert Tom Zé lors d'un voyage au Brésil, un artiste fondamental de la culture brésilienne, étouffé par la dictature militaire, reparaissait en 1998, et gagnait d'un coup une visibilité mondiale. Difficile d'imaginer quelqu'un au Brésil qui méritait autant cette reconnaissance, même tardive, même temporaire : car si les racines sont ici indiscutablement "bahianas", voici une musique hors du commun, fondamentalement exceptionnelle, puisqu'il s'agit ici d'un exemple rare de travail avant-gardiste qui génère plaisir et bonheur chez l'auditeur (la relation avec les plus belles réussites des Talking Heads se trouve évidemment là, dans cette rencontre miraculeuse du populaire et de l'intellectualisme…). "Com Defeito de Fabricação" est, avant même d'être un album impressionnant d'audace et d'originalité - rythmique, sonore, mélodique -, un pur "feelgood album", dispensant une allégresse irrésistible. Il faut néanmoins souligner à l'attention des non-lusitophones qu'il ne s'agit pas seulement de danser (de manière désarticulée…) et de chanter (des chansons fondamentalement absurdes), mais que "Com Defeito de Fabricação" est aussi - avant tout ? - un disque furieusement militant, célébrant gaillardement la vivacité d'un tiers monde abreuvé par les codes impérialistes de l'Occident, mais les dérobant, les recyclant et les distordant pour créer une culture qui lui soit vraiment propre. Du vol et du détournement comme déclaration révolutionnaire : difficile en remuant les fesses et en rigolant sur "Com Defeito de Fabricação", de ne pas être d'accord avec les théories baroques de Tom Zé ! [Critique écrite en 1999 et complétée en 2016]
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Créée
le 17 juin 2016
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