Créé à l'origine en 2006 par Peter Silberman (chant et guitare), The Antlers s'est ensuite transformé en groupe avec l'arrivée de deux nouveaux artistes en son sein : Michael Lerner à la batterie et Darby Cicci pour les synthétiseurs et la trompette. "Familiars" est le troisième opus à naître de cette fructueuse collaboration après "Hospice" et "Burst Apart".
Dès les premières notes de "Palace", on pénètre tête baissée dans l'atmosphère sombre et feutrée du trio new-yorkais. Un délicieux et léger mélange d'indie rock saupoudré d'une soul envoutante.
La première partie de l'album est dans la continuité de ses prédécesseurs, funèbre mais d'une beauté sereine. Le triste "Dopplenganger", magnifique d'émoi balance gracieusement entre la douce voix de Peter Silberman et les délicats arrangements de guitares, accompagnés par l'écho assourdi d'une trompette.
Par ses paroles résolument nostalgiques "I rent a blank room to stop living in my past self" et sa tonalité déchirante, "Hotel" agit comme un baume apaisant. Il permet d'évacuer les traumatismes du passé et d'effectuer un deuil trop longtemps repoussé.
Résolument sombre au premier abord, l'album évolue progressivement vers plus de gaieté. La transition s'effectue sur le mélodieux "Intruders". Comme si Peter Silberman s'éveillait de sa léthargie pour renaître et nous offrir une œuvre plus lumineuse, rayonnante. Un délicieux éveil qui charme l'ouïe et irradie la quiétude. On vogue sur un océan calme, les cheveux ébouriffés par une douce brise, le regard perdu au loin, tout nos soucis oubliés, savourant juste l'instant présent.
L'album nous enveloppe progressivement dans une atmosphère cotonneuse, à la fois suave et enivrante, rappelant la lente musique slowcore du groupe Low. Le trio parvient à construire son propre style en puisant dans des influences tantôt jazzy tantôt électro. Sur certains morceaux, on ressent l'influence pop/rock d'Arcade Fire, tandis que sur d'autres on a l'impression de retrouver les instrumentations du quatuor Grizzly Bear (qui est également originaire de Brooklyn).
Ce cinquième album est certainement le plus abouti, l'image même d'un groupe épanoui et sûr de sa force. Malgré des chansons relativement longues (aucune ne fait moins de 5 minutes), on ne se lasse pas le moins du monde, les 55 minutes passent tel un coup de vent. Et dès les dernières notes du bien-nommé "Refuge" achevées, on a plus qu'une envie, recommencer le disque immédiatement.