De 1965 à 1970, Herbie ne livre plus que deux derniers disques pour Blue Note. Il faut dire qu'entre-temps, le monsieur participe activement chez Miles Davis (le fameux second quintett) mais aussi, chose nouvelle, se met à composer pour des bandes originales et y prendra même sacrément goût le bougre. En 1966, c'était le Blow Up d'Antonioni (avec un peu de Yardbirds dedans, excusez du peu. Il faudra que je réécoute cette B.O mais j'avoue n'en avoir pas trop de souvenir si ce n'était qu'il s'agit d'un bon disque mais sans plus), en 1974, ce sera Un justicier dans la nuit (Death Wish avec Charles "je tire d'abord, je m'excuse après" Bronson) sans oublier en 1986 le Round Midnight de Bertrand Tavernier.
Et en 1970, c'est pour le show TV de Bill Cosby qui deviendra finalement cet album de jazz-rock. Et il faut le souligner, on est pas encore dans le funk qu'il va nous sortir à des kilomètres par la suite. Herbie n'a pas encore trouvé la formule, ne s'est pas encore enfermé dans le genre et en soi, c'est tant mieux. Parce qu'encore maintenant, ce disque reste assez cool, très décomplexé (on a littéralement envie de taper des pieds et des mains) et facile d'accès, parfois reposant même (le sublime Tell me a bedtime story ....l'une de mes compositions préférées du bonhomme).
Certes, on m'objectera que c'est un album facile mais justement, c'est totalement voulu et assumé comme tel. On reste dans la continuité du swinging london de Blow Up mais avec déjà une première incursion funk (qui ne se continuera toutefois qu'en 1973 après la trilogie expérimentale). Un album sympathique à plus d'un titre donc qui fait office de transition (des albums de transition comme ça j'en voudrais tout le temps moi) entre une période jazz hard-bop animée de sacrée pépites (tout ce qu'à fait Herbie chez Blue Note est indispensable en fait. Sauf probablement The prisoner, encore que...) et une trilogie avant-gardiste fascinante mais pas toujours à mettre entre toutes les mains.