Le rock c'est pour moi une affaire de moments éphémères, un condensé de spontané capturé dans un enregistrement. C'est une musique de l'instant, qui ne réfléchit pas, ou du moins qui laisse penser qu'elle ne réfléchit pas. Et enfin le rock ne s'encombre pas d'artifice, il arrive tel qu'il est et repart tel qu'il était.
Sous ces critères, Favourite Worst Nightmare est l'album parfait, tant il transpire la spontanéité. L'album se termine en un éclair, et pourtant il n'est pas si court que ça (38 min, très honnête). Les morceaux s'enchaînent en apportant chacun sa pierre à l'édifice tout en créant une cohérence et une ambiance à l'album, gommant ainsi le seul défaut de l'opus précédent. De Brianstorm à 505, je mets au défi quiconque de s'ennuyer à l'écoute de cet album. Même le gentillet Only Ones Who Know trouve sa place et peut même faire s'émouvoir les plus hardis d'entre nous, pour peu de comprendre les paroles.
Quels sont les ingrédients mis en place par les Monkeys pour arriver à une telle réussite ?
Des riffs acérés tout d'abord. Brianstorm, Teddy Picker, Fluorescent Adolescent, Old Yellow Bricks... Efficaces, variés, pleins de relief, Alex Turner et Jamie Cook mettent à l'usage toute leur science du riff.
Une section ryhtmique qui tient le tout à bout de bras, avec une basse discrète mais efficace et une batterie hyperactive et épileptique. Le tout développe un groove inévitable et irrésistible.
Et enfin des lignes vocales constamment à bout de souffle, dans l'urgence, sans réelle mélodie mais très intelligentes.
Mais Alex Turner montre qu'il peut aussi chanter et que son groupe ne se résume pas à des morceaux hyperactifs et immédiats, les Monkeys peuvent aussi construire de vraies chansons, comme ce 505 incroyable, et son crescendo déchirant.
Si la suite de la carrière du quatuor de Sheffield les a vu embrasser un rock plus chaud et lancinant, c'est sûrement car avec Whatever et Favourite Worst Nightmare ils avaient déjà tout dit.