A la sortie de l'irrésistible "Whatever People Say I Am…", j'avais pensé que, ça y était, j'étais un poil trop vieux pour me laisser complètement emporté par la furia jouissive des Monkeys ! On va dire qu'Alex Turner a entendu ma frustration, et que son deuxième album - celui de la maturité, déjà ? - est "adult-friendly" sans pour autant rien sacrifier de la fougue volcanique de la jeunesse. Bien sûr, il y a toujours cet effet aussi excitant qu'asphyxiant qu'ont ces chansons sans refrains (un véritable sacrilège pour la pop anglaise, non ?), ce "flow" gouailleur d'Alex Turner, ces riffs fiévreux que nous connaissons déjà. Il y aussi dans "Favourite Worst Nightmare" des paroles plus complexes, plus "malignes" encore, et une certaine noirceur inédite, une dureté nouvelle. Le résultat est une réussite indéniable, un album qui n'a rien d'un cauchemar, et qui réconcilie jeunes turcs et vieux punks : une marche de plus gravie par ce groupe spectaculaire qu'est Arctic Monkeys sur l'escalier de la gloire. [Critique écrite en 2007, retouchée en 2016]