Third Eye
En un sens, je suis heureux d’avoir connu TOOL tardivement : l’attente aura été moins longue pour moi que pour les autres ! Pour autant, il m’a fallut m’armer de patience (8 ans, ce n’est pas rien)...
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le 30 août 2019
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J'ai envie de parler du grunge minimaliste, sec et violent d'Undertow ; j'ai envie de gloser autour des courtes bizarreries qui ponctuent l'intense AEnima ; j'ai envie de débattre des délires de matheux dans Lateralus ; j'ai envie de faire l'éloge de l'énorme reprise de "No Quarter" dans Salival ; et j'ai envie de dire que oui, 10 000 Days c'était pas si mal que ça malgré tout. Pas besoin de s'attarder sur A Perfect Circle, le projet don't j'ai tout apprécié (peut-être pas spécialement Eat the Elephant, mais il y avait peut-être quelque chose à sauver là dedans).
J'ai envie de parler de tout ça, mais pas de Fear Inoculum. Pourquoi ? La réponse la plus simple est : je ne trouve rien à dire à son sujet.
Pour sortir de cette impasse, peut-être devrais-je débuter par des définitions simples. Cet album est-il un album de Tool ? Oui, ça l'est.
Et ?
Et c'est tout.
Vraiment, c'est tout ce qu'il y a à dire à son sujet. Il n'est ni un bon ni un mauvais album de Tool ; il n'y a rien d'agaçant à son intérieur ni rien d'excitant. Si j'essaie de prêter attention à son contenu mon attention s'évanouit graduellement jusqu'à ne plus remarquer son existence ; et si je le laisse en arrière-fond pendant que je fais autre chose ça ne change rien, j'aurais pu être en train d'écouter tout autre chose et je n'aurais pas remarqué la différence. Fear Inoculum existe - c'est sa définition minimale et en même temps exhaustive. Il est une chose dans l'univers.
Si cet album avait été enregistré par un groupe inconnu on en aurait dit "oui, c'est sympa" pour ensuite le ranger dans sa bibliothèque et l'oublier. Mais l'album n'a pas été et ne peut pas avoir été fait par un groupe quelconque, car c'est bel et bien une oeuvre de Tool de part en part. Ce n'est pourtant pas l'essence de Tool, car l'essence implique la partie la plus importante et la plus caractéristique. Ce n'est pas le jus de viande qui en concentre toutes les saveurs, c'en est plutôt l'arrière-goût lointain, ou les restes d'un repas de fête qu'on grignote le lendemain matin parce qu'on n'a envie de rien jeter.
Les longs morceaux sans queue ni tête se succèdent l'un après l'autre et on a du mal à savoir où l'on en est parce qu'ils se ressemblent tous. C'est de la musique d'ascenseur pour metalleux intellos dont la seule fonction est de rassurer quant au fait que le groupe fait toujours partie de ce plan d'existence. "Salut Danny c'est Maynard, on fait du Tool ?" "Allez un peu, mais après la sieste d'acc ?"... Même dans les albums les moins réussis du passé on pouvait clairement identifier des moments de haute volée (Prison Sex, Stinkfist, Schism, Wings for Marie...) alors qu'ici tous les morceaux s'équivalent dans leur généricité.
On pourrait finalement risquer une hypothèse : si Maynard n'avait plus publié d'album pendant 13-14 ans avec A Perfect Circle ou Tool, c'est que ces deux projets étaient finis musicalement parlant. Peut-être est-ce simplement une tentative confuse pour Tool de se rappeler qu'est-ce qui les avait conduit à faire de la musique auparavant, une manière en quelque sorte de retrouver la forme et l'inspiration avant un gros nouveau départ ; ou alors ce n'est que le chant du cygne d'un groupe qui nous dit qu'il faudrait peut-être passer à autre chose.
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le 30 août 2019
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