Boom bap français bas de gamme

Honnêtement je suis pas un grand auditeur de rap Français, j'en ai écouté comme tout le monde quand j'étais gosse car les plus grands du quartier faisaient encore tourner du IAM, NTM et Lunatic de temps en temps mais j'ai rapidement décrocher vers le rap US, de toute façon les bon albums de rap français se comptent sur les doigts d'une main.

Ces dernières années j'essai quand même de checker de temps en temps ce que ça donne mais je repart toujours bredouille avec le même constat peut glorieux sur un rap Français qui stagne avec d'un côté les mecs qui font des copies médiocres des bangers us du moment et de l'autre, une minorité de mecs qui sont restés sur un rap fr 90' et qui semblent perpétuer celui-ci à l'identique sur le fond et la forme, souvent amputés de certains atouts.

Désormais quand je dis que le rap Français est nul à chier - ce qui est factuel - le nom d'Hugo ressort pas mal, pas de soucis je lui prête une oreille.
Après l'écoute de Fenêtre sur rue c'est évident qu'Hugo s'inscrit dans la seconde catégorie d'mc français, pour le meilleur mais surtout pour le pire...

Dès point de départ, Hugo balance la formule qui sera utilisé pour la conception de chacune des pistes du projet:
La production c'est du boom bap pure et dure: un kick, un snare, hit hat et un sample qui fait la boucle avec quasiment aucune séquences différentes, c'est clairement pas ici qu'on va prendre son pieds musicalement.

Les boucles ne sont pas forcément belles et j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ces samples de pianos et violons des milliers de fois, même dans les sonorités il n'y a aucune volonté d'apporter quelque chose de nouveau ou au moins de bien faire, c'est du recyclage de mauvaise facture.
J'attendais pas un travail d'Alchemist mais aller plus loin que le potable dans le choix des échantillons aurait était sympa, dommage.

Concernant Hugo la forme n'est pas plus élaborée ou diversifié et en l’occurrence c'est largement plus problématique car on aurait pu s'y faire à ces productions rudimentaires mais l'entendre kicker du début à la fin du projet avec un flow aussi monotone...

C'est d'une linéarité consternante, trop peut de variations de flow nuis également à l'efficacité de l'écriture car aucune ligne n'est mise en valeur, tout est délivré de la même façon.
Etre un rappeur ce n'est pas réciter un texte sur une instrumental, il y a tout un travail de mise en forme et d'interprétation a mettre en place mais visiblement Hugo n'en a rien à faire.

Franchement c'est d'un ennui mortel sans déconner, ça dois être le mc avec le delivery le plus chiant que j'ai eu a entendre depuis bien longtemps. Ne parlons même pas des refrains composés à 80% d'un slogan tout droit sorti d'une manif étudiante hurlé en mode vénère.
Globalement tout ça est très pauvre et assez pathétique.

On a déjà deux gros soucis avec lesquels il faut composer mais Hugo a encore ses cartes à jouer sur le fond de l'album.
Mais là encore Hugo se ramasse comme une merde, il pense surement bien faire en maintenant ses textes à l'écart des pensés instinctives des hommes vivant en occident, d'accord ça fait plaisir mon gars mais si tu plonge la tête la première dans les clichés d'ignorants et les discours victimaire primaire je sais pas si c'est mieux en fait.

Illustration à travers quelques pistes:

Alors dites pas Vous vous souvenez de la troisième pistes de l'école
du micro d'argent: Nés sous la même étoile? Et bah Hugo TSR t'en a fait le remake, en moins bien car c'est du déjà vu et revu mais en plus de ça le mec part dans tous les sens.

Alors dites pas que ce jeune a l’choix d'avoir un taf honnête Bac +3,
tout c’qu’on m’propose, c’est d’conduire une camionnette Alors dites
pas que les gens sont les mêmes, c’est pas vrai Tous égaux à la
naissance, c’est bien joli mais après ? Alors dites pas que le racisme
a disparu Trop d’préjugés dans leur regard depuis quelques temps
j’évite la rue

Constatez au passage la pauvreté abyssale et la niaiserie de l'écriture, c'est indigne d'un élève de 6ème.
Pour en revenir à l'incapacité de concevoir des morceaux, en fait les pistes respectent plus ou moins un thème distinct mais servent également dans une moindre mesure de fourre tout à des choses faciles sur les quels il aime bien taper régulièrement sans jamais approfondir le sujet en restant gentiment à la surface: injustices sociales, racisme, la police, la france etc.

Je rappelle tout de même qu'on est censé écouter un cd de musique, pas une conférence et que par conséquent en découle des limitations quant à la durée des pistes et la patiente de l'auditeur, il faut donc trouver les mots juste, savoir être concis et pertinent etc.
Pleins de qualités qu'on ne retrouve malheureusement pas chez Hugo...
Dommage car il aurait pu développer ces sujets qui semblent de tracasser perpétuellement en leurs consacrant des pistes respectives, après c'est vrai que ça demande une analyse et un travail de mise en forme plus complexe que de balancer des phrases superficiels de manifestant sur chaque pistes.

Coma artificiel Une autre piste très énervante et d'une niaiserie incroyable où Hugo raconte qu'en fait, si les gens se droguent c'est de la faute à "ils". Et que du coup "ils" vont bientôt légaliser la drogue car maintenir les gens défoncés c'est favorable à leurs magouilles.

Y'a plus une ville sans drogue En vérité ils nous en donnent Ce sera
bientôt légalisé Ils savent très bien qu'ça nous endort

Voilà.
Sinon le sample c'est une boite à musique, vraiment palpitant tout ça.

Eldorado est le summum de la connerie, une synthèse grossière de l'histoire de la France depuis la seconde guerre mondial sur fond de discour victimaire et anti-FN

La France, vaste sujet, j’viens t’résumer son drame Le déclin d’mon
pays a débuté avec une guerre mondiale 1940, français, allemands ne
s’embrassent pas, font chambre à part Mais bizarrement on voit pousser
des chambres à gaz La même année : Hitler et Pétain marchent côte à
côte Depuis rien n’a changé, peu d’résistants et beaucoup d’collabos

Je vais zapper les autres pistes similaires (80%) car c'est vraiment fatiguant, l'album se conclut même par un freestyle de 6 minutes sans intérêt illustrant très bien tous les défauts de l'album.
Je ne vais pas parler des pistes "égotripes" qui sont juste gênantes de nullité et qui manquent cruellement d'efficacité, là aussi les limites se font indéniablement ressentir (pauvreté du vocabulaire, punchlines insipides) enfin bref au mieux ça me laisse indifférent quand ce n'est pas ennuyeux ou agaçant.

Il y a deux pistes un peut correcte tout de même :

• Fenêtre sur rue où Hugo parviens à retranscrire avec efficacité le
  quotidien morose de son quartier entre embrouilles, faits divers,
  dealers et descentes de la bac. La fenêtre comme point de vue pour
  faire un constat qui s'impose de lui même sans en grossir les traits,
  et puis c'est surtout le seul morceau dans ce foutoir qui s'articule
  autour d'une idée et d'un storytelling


• Piège à loup car le sample qui semble sortir d'un film d'horreur en
  fait le morceau le mieux produit de l'album, et puis il part dans un
  délire un peut vénère et oublis ses revendications de
  collégien et ça fait du bien

Un dernier point positif c'est que les extraits de films utilisés font que l'album sonne bien Français, ça a au moins le mérite de retranscrire le contexte de son discours + il y a quelques références cinématographiques mais on s'en bas les couilles.

Mais concrètement le résultat n'a rien de bien glorieux.
Le fond et la forme en harmonie dans une redondance à toute épreuve, Fenêtre sur rue est l'exemple type de l'album rap à ne pas faire, du piège dans lequel il ne faut pas tomber c'est à dire prendre le rap fr 90' et en extraire tout ce qu'il y avais de bien: des morceaux bien construits et cohérents, des mcs charismatiques qui étaient capable de combler la sobriété d'une instrumental boom bap en y déversant des grosses perfs.

Car ouais en plus de ça Hugo n'a vraiment aucun charisme, c'est juste un mec vénère qui fume des joints, qui fait du grafitti, du rap et qui nique la france.
Des mecs qui tiennent ce genre de discours il y en a partout, et ils servent à rien.