Un immense album
On prend les mêmes et on recommence ! Après le très folklo-celtique QE2 (1981), c’était à nouveau en formation serrée modèle quintet que l’ami Mike Oldfield entreprit son septième album. Avec Morris...
le 29 mai 2015
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On prend les mêmes et on recommence ! Après le très folklo-celtique QE2 (1981), c’était à nouveau en formation serrée modèle quintet que l’ami Mike Oldfield entreprit son septième album. Avec Morris Pert (percussions, claviers), Tim Cross (claviers), Rick Fenn (guitares) et Maggie Reilly (chants), le guitariste toujours vert (il n’a pas encore 30 ans) se déridait et se décidait à souffler le chaud et le froid dans le caleçon de Virgin en peaufinant son profil “mainstream” de plus en plus réclamé à ses tendances irrépressibles pour les longs traitements à géométrie variable.
Chargé de composer des tubles, Five Miles Out peut aujourd’hui être considéré comme le disque charnière avant l’explosion de “Moonlight Shadow” sur Crises (1983). Après l’accueil poli réservé à QE2, Mike Oldfield avait donc repris, façonné, amélioré et enrichi sa recette au millimètre en revoyant notamment l’ambition à la hausse afin de transporter l’auditeur avec plus de générosité encore. Rien d’anecdotique ici. Du schizophrène, à volonté. Entre deux eaux, et pour ceux qui peuvent se souvenir des 33T, l’album se découpait en deux faces, comme deux versants d’un même talent protéiforme : quatre titre ramassés d’un côté (entre 3 et 11 minutes) et une commode à tiroirs pleine d’étagères à rebondissements (“Taurus II” et ses 24 minutes, roulé en boule).
En faisant l’un et l’autre, Mike Oldfield pouvait faire rougir les amateurs d’efficacité mélodique et ceux qui ne jurent que par une poésie musicale à multiple dimensions. Nous sommes en 1982, le Punk finit de ronger les ossements d’un Rock Progressif classique face au rejeton Néo-Progressif qui fait ses premiers pas, et s’apprête à faire le repas d’une New Wave purgatoire. Au milieu du grand nettoyage, le guitariste anglais tient (encore) sa barque. Certes, il triture du rock binaire (“Family Man” interprété par une Maggie Reilly pétaradante en pétroleuse improvisée), flirte avec l’évanescence d’un électro-folk étonnant (“Orabidoo“), tambourine sec à l’occasion (“Mount Teidi” avec Carl Palmer aux baguettes) et nous fait le coup du flash-back autobiographique sur le morceau titre, souvenir d’un vol périlleux et cahotique. “Five Miles Out” jongle entre calme et tempête et confirme sur son axe désarticulé un penchant déraisonnable pour les ruptures improbables.
Et donc, “Taurus II” en satellite scintillant éjecté des modes, mastaudonte jamais geignard, ni gueulard ou furibard. Ce chef-d’œuvre (disons-le) se la joue folk, celtique, rock, avec des percussions haletantes, des vocaux à faire frissonner l’ours polaire qui sommeil, à kidnapper les anges sur sa quincaillerie d’instruments (banjo, bohdran, trombone, haubois, hammond, vocoder, vibraphone, uileann pipes, etc.) qui interroge sérieusement sur la façon magistrale de construire ce puzzle. Un fabuleux numéro d’équilibriste qui deviendra logiquement une nouvelle référence pour le compositeur. Un mélange euphorique des genres que les futures productions ne réussiront plus tout à fait, et qui brille par cette puissante inventivité, signe du relâchement d’un compositeur enfin serein, au sommet de son art. Encore à peu près rescapé des filets mercantiles tendus par Richard Branson, Mike Oldfield démontrait surtout un sens inné de la mélodie et des arrangements aux petits oignons. Plus de 30 ans après les faits, Five Miles Out reste un immense album qui n’a pas vieilli d’un plectre.
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