L'Amour, la Médiocrité, la Résurrection : la fulgurante ascension de Justin Vernon par Farnham III

La nature, cette magnifique chose qui nous entoure, nous offrant une infinité de paysages, à appréhender, à contempler et à découvrir.On n’y prête pas toujours attention mais elle est bien là, surplombant nos décors au quotidien, éblouissant les hommes dans ces nuances colorées.
On y revient donc aux goûts de voyager, à cette envie qui anime les humains à explorer, seul ou accompagné, à la conquête de ces paysages riches et vertueux. Jusqu’au jour où l’on se retrouve meurtri, un élément extérieur et imprévu est venu bouleverser l'acheminement paisible de votre vie, un cœur brisé et inspiré se retranche alors dans une vieille cabane de chasse usée.
Ayant subi l'altération du temps et la douceur frappante du vent du Wiscousin, cette cabane en bois abrite un jeune homme ayant fait le choix d’évoluer en ermite, chassant sa propre nourriture que lui prodigue la nature. La guitare à la main, la voix cristalline, cet homme chante son amour perdu. Profondément marqué et épris par cette déception amoureuse, 3 mois passèrent, et un set de 9 chansons, traitant de l’amour et de la médiocrité qui l'avait donc conduit jusqu’à la vieille cabane de chasse de son père, avait donc été composé.

Cette histoire, est celle de Justin Vernon, un américain alors âgé de 25 ans, auteur, compositeur et interprète de “for Emma , forever ago” paru en 2008. Cet album est un concentré de titre folk indépendant relevant de la souffrance et la dépression qui rongeait Justin Vernon. Dépression qui se justifie par quelque élément passé, plutôt significatif dans sa vie d’artiste : fin d’une relation amoureuse, gros problème de santé, dispute et friction au sein de son ancienne formation musicale et la perte de ces économies dans les jeux de Poker en ligne. Tous ces éléments donnent bien raison à Justin Vernon de fuir son quotidien et d’avoir ce sentiment de vouloir se retrouver seul, au milieu de l’hiver du Wisconsin, terre où il a grandi et découvert sa passion pour la musique auprès de sa famille.

Équipé de matériel rudimentaire, cela n'empêchera certainement pas Justin Vernon de composer alors des titres forts de sens et d’une originalité sans nom qui, au départ ne motivait pas Justin de vouloir en faire un album. Ce sont en effet, ses amis qu’ils l’ont motivé à mettre ses musiques en écoute libre sur “Virb.com”. Il lui manquait plus qu’un nom de groupe : Bon Iver, une référence non subtile à son hiver passé dans sa remise en bois, et à l’expression française pas très commune : Bon Hiver.

Mais parlons à présent un peu plus du contenu de l’album en lui-même. Ce que l’on pensait être la marque de fabrique de Justin Vernon, c’est à dire sa voix pure et suprêmement aiguë lorsqu’on la compare à son gabarit et bien Justin l’a apprivoisé dans cette cabane. "La voix était une sorte de catalyseur pour l'enregistrement de l'album, énormément d'idées du disque sont d'abord venues d'idée vocale [...] la voix était au centre de tout, c'était quelque chose d'assez étrange car d'habitude, je ne chante pas aussi haut...". Sa voix oui mais pas seulement, ses arrangements folk à la fois simples et intelligents et l’absence presque totale d’élément rythmique tel qu’une quelconque batterie et basse instaure une ambiance minimaliste et intimiste.

On se croirait presque parfois; assis sur un bon vieux canapé au coin du feu, passant des moments simples avec votre famille ou tout simplement seul luttant contre le froid de l’hiver. Des chansons qu’on peut qualifier de dépouillées, ce qui renforce le sentiment général de mélancolie profonde qui se dégage de l’album. En dehors des titres contemplatifs mettant en valeur les chœurs comme “The Wolves” ou encore dans un autre style plus folk “Re: Stacks”, ce sont les titres plus instantanés comme “Flume” reprise il y a peu par monsieur Peter Gabriel ou encore “Skinny Love” qui se sont imposés sur le long terme et qui reste encore aujourd’hui, dans les esprits des personnes qui ont écouté de prêt ou de loin le groupe. “Skinny Love” étant un titre ayant été repris par de nombreux artistes et groupes comme Ed Sheeran ou Birdy et bien d’autre ( Fréro Delavega, John Buckley) jusqu’à presque en oublier son auteur originaire “Bon Iver”. Une œuvre qui projeta Justin et ces quelques amis sur la scène rock- folk indé et qui glana les éloges des critiques d’albums, étant tous d’accord pour affirmer que
“For Emma forever ago” est une œuvre majeur dans son style, et quand même Justin ne prend qu’une guitare sèche pour chanter ses déboires dans sa Cabane du Wisconsin, cela sonne toujours à la fois sauvage, mélancolique et audacieux.