Lâcheté et mensonges
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Fortune Goodie est le troisième album studio des très réputés Minami Deutsch, le groupe krautrock de Kyotaro Miula, désormais basé à Berlin. On connaît (ou pas…) leur belle histoire de groupe ayant débuté littéralement dans la rue à Tokyo et s’étant peu à peu imposé sur la scène internationale du krautrock grâce à leur talent et leur originalité… mais aussi grâce au support obstiné des fans du genre à travers le monde, qui ont relayé leur musique sur leurs blogs, webzines et sites musicaux… Offrant par là-même une crédibilité totale au groupe, forcément « attendu au tournant », leur second album, With Dim Light, ayant été composé il y a déjà 5 ans de cela.
Le démarrage avec Your Pulse et Still Foggy, tous deux très électroniques, ne nous surprennent pas, Miula nous ayant promis une « encyclopédie du Krautrock » : on aurait néanmoins envie de rectifier cette affirmation et de parler plutôt d’une « encyclopédie de la cosmic music », tant le sentiment qui se dégage de Fortune Goodies dès sa première écoute est celui d’un flottement bienheureux dans l’espace, mais en décrivant des boucles sans fin, obsessives et rapidement envoûtantes. Le morceau éponyme, pièce de près de huit minutes est clairement le sommet de cette démarche, qui voit le groupe ajouter de nouvelles sonorités à sa palette musicale.
Mais tout ne relève pas ici non plus d’un krautrock millésimé, même cosmique… Peut-être est-ce là le résultat de notre ignorance quant à toutes ramifications du genre, mais un Grumpy Joa nous semble plus fermement implanté sur les terres psyché des regrettés Kikagayu Moyo (dont le label héberge Minami Deutsch…) : la beauté suave de sa mélodie et du chant, ainsi que la guitare abrasive évoquent une psychedelia moderne, et rejoint les expérimentations de King Gizzard. Pueblo, dans le même registre, évoque une sorte de mystique tribale à l’indiscutable efficacité. Interpreters of Forest adopte des intonations folk traditionnel, sur lequel les voix rêveuses étendent un voile à la fois planant et oriental.
Whereabouts hypnotise par l’intrusion d’une guitare saturée qui injecte une énergie plus rock, avant que s’y superposent des arpèges de guitare acoustique qui élèvent le morceau vers les cieux, sans qu’il perde de sa tension. Steller Waffle offre une pause plus souriante, presque ludique, combinant parfaitement le riff de basse sur lequel il est construit et les sons électroniques, résultant en une pièce que l’on peut qualifier de prog rock, oui !
Floating Fountain dégage une atmosphère shoegaze grâce à la sonorité de la guitare, allégée peu à peu par le déploiement de l’électronique. The Border est une conclusion quasi ambient, flottante et heureuse, prévisible retour au début de ce voyage largement instrumental.
Bref, ceux qui préfèrent les aspects lourds et puissants du krautrock seront sans doute un peu déçus et accuseront Miula de ne pas avoir respecté réellement le cahier des charges qu’il s’était lui-même imposé. Les autres profiteront simplement d’un disque de toute beauté.
[Critique écrite en 2022]
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Créée
le 29 juil. 2022
Critique lue 34 fois
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