En août 1985, soit un an après la sortie de leur premier opus, les Red Hot sortent ce qui est selon moi leur premier album remarquable : Freaky Styley, enregistré à Detroit. Celui-ci marque le retour d'Hillel Slovak au sein du groupe , après que Jack Sherman ait été renvoyé pour cause de disputes trop fréquentes; et marque surtout l'arrivée d'un nouveau producteur : le légendaire George Clinton, maître du funk et leader des groupes Parliament et Funkadelic, avec 25 000 dollars de budget. Cliff Martinez , reste lui derrière les fûts. L'enregistrement se passe plutôt bien, une superbe entente règne entre le producteur et le groupe. Le seul problème est que c'est aussi la période où Anthony Kiedis et Hillel Slovak commencent sérieusement à consommer des drogues dures, causant des retards aux répétitions.
Place maintenant au contenu de l'album. Il est évident que celui-ci est nettement supérieur à son prédécesseur, pour des raisons multiples. Tout d'abord, on sent que tout le monde maîtrise très bien son instruement ( en particulier Flea ), que le niveau monte d'un cran. L'incroyable bassiste nous sort en effet des lignes de basses hallucinantes, époustouflantes, inhumaines , je crois en avoir assez dit. Cela se voit sur tout les titres, mais je vais prendre comme exemple "Blackeyed Blonde", une oeuvre psychédélique ( pédale wah wah omniprésente ) et très rythmée complétée brillamment par un slapping excellent et mélodique; tout comme le morceau titre , " Freaky Styley " , un morceau assez délirant , marqué par une basse plutôt hypnotique qui fait très bien le taff, le tout avec une guitare encore une fois très psyché remarquablement jouée par le maître Hillel Slovak. En parlant de gratte , les solos sont juste géniaux , comme celui de " Jungle Man " ( chanson qui ouvre l'album , mission réussie ! ) , plutôt à la Hendrix. Et il y a les riffs... Ceux-là aussi sont dingues, en particulier celui de " "Yertle The Turtle" ( piste qui ferme l'album , mission aussi réussie ! ), un des riffs les plus funky jamais écrits , avec encore une bonne wah wah ( Oui, Monsieur Slovak est un véritable accro de cette pédale) ; et de "Catholic School Girls Rules" un riff punk doté d'une sacrée puissance. Tant qu'on y est , autant dire un mot sur la voix. Elle était un peu médiocre sur l'album précédent, mais s'avère être quasi parfaite sur Freaky Styley , dans des styles variés : le rap, où le phrasé est assez spécial, voix grave , bon flow, ce qui rend le tout très intéressant ( Yertle The Turtle; American Ghost Dance, un titre extra avec une basse aussi extra et un refrain on ne peut plus funky ) ; et aussi le chant : voix douce, comme sur Hollywood, une reprise des Meters, morceau le plus long de l'album , comosé d'un bon riff et d'un grand refrain; Lovin' And Touchin' , une sorte d'interlude très calme et astucieuse qui permet de faire l'écart entre deux morceaux très pêchus Parlons enfin de la batterie, car Mister Martinez est au top sur cet album : des gros breaks ( début de Sex Rap ); un excellent groove ( The Brothers Cup . If You Want Me To Stay, une bonne reprise de Sly And The Family Stone; Nevermind, un morceaux déjanté , fou, avec un groove et une alchimie puissante ). De plus, chaque membres du groupe s'exprime autant l'un que l'autre, ce qui est toujours un bon point , aucun ne prend le dessus. Un point positif de Freaky Styley est aussi la production : l'album sonne terriblement bien , contrairement au premier ! L'agressivité , la folie des Red Hot est présente, ressort parfaitement. On peut aussi dire que les styles sont plus variés : du funk, mais aussi du punk ( Battleship ), du rock et même un poème ! ( Thirty Dirty Birds, une histoire qui parle d'oiseaux sales mangeant des vers de terre... On sent la consommation de stupéfiants. ) . La pochette correspond totalement au contenu, eh oui : les Chili Peppers sont des êtres tarés , cinglés ! Malheureusement , l'album n'a pas du tout marché à sa sortie, n'ayant pas atteint le Billboard 200 . Et oui, les Red Hot prendront du temps pour arrivée au succès !
Pour conclure, Freaky Styley est une aventure folle, psychédélique, déjantée, démente, unique tout en vous faisant kiffer à mort. Du funk, du vrai, joué par des musicos de qualité. C'est une oeuvre que je recommande évidemment.