Pet Shop Boys et Trevor Horn. Deux grands noms de la Synthpop qui se retrouvent pour produire un album du même genre. Fin des années 1980, ça pouvait encore exciter. Mais en 2006 ? J'avoue avoir été un peu déçu par ce « Fundamental » mais n'était-ce pas déjà le cas de leurs précédentes collaborations ?
Sur « Introspective », deux titres purement House relèvent de ce partenariat ; une production originale « Left To My Own Devices » et une reprise « It's Alright ». Sur le premier, si les arrangements passent très bien sur le refrain, le choix d'une version longue (8 minutes) impose forcément de combler le vide de certains passages. Et Trevor y va à fond, à grand coup de cordes et de cuivres ; une grandiloquence qui fonctionne par à-coups mais qui pourra paraître exagéré. Le second a beau être une version corrigée d' « It's Alright » de Sterling Void, c'est ici la composition qui pêche, on s'ennuie d'absence mélodique et le grand travail sur les chœurs ne sera pas assez pour la combler. Sur les dernières minutes, trop de choses finissent par se chevaucher dans le mixage...
Mais qui suis-je pour juger ; « Introspective » est devenu un classique pour les fans du groupe et cet aura aura sans doute été une des raisons de cette seconde collaboration en 2006.
J'écrivais donc une connerie en introduction, le projet était sans doute attendu par les groupies mais on pouvait tout de même douter de la qualité de ce retour. Pour moi, Pet Shop Boys n'avaient pas sorti de grands albums à l'époque depuis « Very Relentless » en 1993, donc 13 ans plus tôt ! Ils s'étaient tournés en 2003 vers un son plus acoustique avec un « Release » à l'accueil mitigé duquel je ne garderai qu' « E-mail » et « Samurai in Autumn » (ce dernier étant déjà à nouveau un titre totalement électronique). Quant à Trevor Horn, à part le coup de chance T..A.T.U et un autre album avec Seal, on ne l'entendait plus trop sur la scène mainstream... Une chose est certaine, avec plus d'un million d'albums vendus, une 2ème place dans les charts européennes et une reconnaissance critique, « Fundamental » est considéré comme un retour en forme de la bande après une période de mou. Pour ma part...
L'album s'ouvre sur « Psychological », synthpop minimaliste, qui ne semble aller nulle part, et qui laisse transparaître ici et là la patte sonore, déjà connue de ce cher Trevor. Patte qui explose une première fois sur « Sodom and Gomorrah Show », tout en arpegiattor, en orchestration virevoltante, en guitare électrique qui sonne les accords sur les refrains comme une bon vieux Buggles, dont les chœurs à la fin ne sont rien d'autre que la réminiscence du classique « Video Killed the Radio Stars ». Beaucoup de nostalgie et d'artifices... pour pas grand chose, les PSB ne concrétisant jamais par une composition mémorable. Le duo n'a jamais été grand mélodiste quand on y pense, ils ont livré certes quelques tubes dans les années 80, arrivent de temps à autre à faire ressortir des hooks de leurs improvisations mais ça tombe souvent à l'eau, comme la balade pompeuse « I Made My Excuses and I Left » qui suit, seulement sauver par les expérimentations façon « Art of Noise » en début de titre. « Minimal » et son Vocoder nasillard est déjà plus rigolo, le titre rebalancé sur le L et le R de ton stéréo est autant une bonne idée qu'elle peut agacer, sûrement due encore à Horn, qui finit le morceau tout en corde, rappelant son « Elstree ». Un bon single. Il raconte en interview qu'il a été, sur tout l'album, encore plus grand radical dans ses premiers arrangements et heureusement que PSB étaient là pour lui dire de se calmer un peu.
« Numb », seconde balade pompeuse de la galette, contraste avec « Luna Park » qui aurait pu en être la troisième, s'il n'y avait pas ce petit gimmick évolutif au piano (puis au synthé) à chaque fin de phrase, donnant toute sa saveur et relevant l'atmosphère à la pièce. « I'm With Stupid », également sorti en single, est un peu plus convenu, rien ne marque que ce soit dans la compo ou sur la prod'. Va savoir pourquoi, il a plutôt bien servi à lancer l'album dans les charts et à contribuer à son succès. J'apprécie un peu plus « Casanova in Hell », titre qui aurait très bien pu être signé par ABC, commençant presque comme une balade pompeuse, encore une fois sauvée par les arrangements, que ce soit la sorte de voix auto-tunée qui double le chant sur les couplets, les claviers 8bits merveilleux ou les chœurs sur le refrain accompagnés d'orchestre, offrant de brefs instants d'ampleur. « Twentieth Century », ne semble pas savoir où il va, à la façon du « Psychological » d'ouverture, malgré quelques efforts expérimentaux et électroniques. « Indefinite Leave to Remain » est une balade mais moins pompeuse que les précédentes, elle est presque même plus entêtante. On finit enfin sur « Integral » qui porte bien son nom, retombant dans les mêmes travers que les autres morceaux électroniques du projet, en Eurodance, avec encore plus de hooks, d'effets spéciaux, et un refrain restant presque en tête !
Non, c'est très inégal. C'est même de la magie que l'on arrive à nous faire croire en ces morceaux tellement le contraste de la Synthpop minimaliste aux orchestrations grandiloquentes du producteur est visible... Ça m'a beaucoup parlé car je suis fan du monsieur, j'y ai retrouvé beaucoup d'auto-références et j'ai l'impression que c'est surtout du à son talent (quand il n'en fait pas trop) que l'on ressort pas déçu de l'ensemble. PSB, quant à eux, y continuent à être le groupe moyen qu'ils sont depuis le milieu des années 90, avec parfois un éclair de lucidité. On en a fait peut-être un peu trop sur leur « longévité », même s'ils continuent à produire et sortiront d'ailleurs leur dernier grand single en 2009 avec « Love Etc. » (malheureusement moins populaire qu'il aurait du).