Je vais vous apprendre quelque chose. J'aime beaucoup la Synthpop. Si si. Et j'avais par conséquent beaucoup aimé le premier album d’Austra, Feel it Break à sa sortie en 2011. Le mariage entre une voix imposante et sibylline à la Florence Welch et le Depeche Mode kitsch façon Vince Clarke du début m'avait fait le plus grand bien. Mieux que ça ! Leur live vu quelques temps après, m'avait littéralement envoûté, que ce soit par les danses lascives des choristes ou l'atmosphère religieuse qui se dégageait des morceaux. A un point tel que j'ai eu envie de devenir lesbienne sur le coup… mais après réflexion, il aurait fallu déjà que je change de sexe, et j'avais ni l'argent, ni les couilles (ah?) de le faire. Un coup de cœur Synthpop donc, comme l'avait pu l'être La Roux deux ans plus tôt ; pour elle comme pour Austra, la suite est moins reluisante.
Une des raisons principales vient évidemment de compositions moins accrocheuses, maître mot de toute approche Pop, mais aussi d'une instrumentation moins marquée, moins homogène sur l'ensemble du second album Olympia. Des manques que Katie Stelmanis, en tant que leader et chanteuse classique, tente de combler avec sa propre voix, dont l'abus de vibrato devient de moins en moins surprenant et supportable. L'Ep Habitat qui suivit proposait des expérimentations instrumentales inutiles mais qui laissaient présager d'une patte sonore plus intéressante et futuriste pour la formation, le très réussi single éponyme en était la preuve. Katie a balayé ça d'un revers de main, comme si cet Ep n'était pas à prendre en compte dans leur évolution musicale, et on se retrouve donc avec Future Politics, dont le son n'a rien de ‘futuriste’ et ressemble à ce qu'on avait déjà entendu sur Olympia.
Mais on écoute quand même, car on est jamais à l'abri de quelques tubes au fort potentiel. La magie réopère dès le titre d'ouverture « We Were Alive » , aux accents Kate Bushiens bienvenus, sur une instru minimaliste où les mélodies vocales de Katie sont plus subtiles qu'à son habitude. Une petite beauté (merde, Hanouna, sors de ce corps) qui ne sera malheureusement pas égalée sur la suite de l'album. « Future Politics » et « I Love You More Than You Love Yourself » sont de beaux singles, mais tournent vite à vide. Pire, à part « Gaïa », il ne se passe quasiment plus rien sur la dernière partie ; les mélodies laissent place à des improvisations lyriques sur des instrumentaux trop basiques pour raconter quelque chose. La bande canadienne n'a pas encore une maîtrise totale de l'épure et résultat, c'est peut-être leur album le plus ennuyant malgré ses beaux moments.
Il y avait une époque où je pouvais croire au discours politique proposée par Austra, à leur « Utopia » faite d'Amour, d'acceptation de l'autre et d'élévation vers la beauté… C'était l'époque de Feel it Break, du live où j'avais ces envies de m'émasculer, où j'étais peut-être plus optimiste et insouciant. Maintenant, j'y crois autant que l'élection de Mélenchon en tant que président. Peut-être que Depeche Mode, qui préparerait également un album politique en Mars, seront plus convaincants !