Si Lush fut un des souffre douleurs favoris des critiques musicaux, leurs débuts discographiques ont paradoxalement fait parler d’eux en bien. Hébergé par le label 4AD dont l’aura était à son firmament (mais qui a perdu beaucoup de sa superbe depuis), le quatuor au line up pas encore définitif (le bassiste quittera le groupe juste avant la sortie de Spooky et Meriel Barham alors chanteuse, partira rejoindre Pale Saints) se retrouve dans une position enviable. Mais en apparence seulement.
En effet, Lush a la dure tâche de se montrer à la hauteur d’un label qui accueille bon nombre de formations talentueuses et cela jouera contre eux. Puisque leurs détracteurs prétexteront on ne sait quel manque d’originalité, juste pour le plaisir de tirer à boulets rouges sur un groupe qui ne leur a rien fait.
La seule chose de vrai dans ces critiques, c’est que Lush ne fait pas une musique particulièrement originale. L’influence des Cocteau Twins est voyante, si ce n’est que la musique s’enrichit aussi de dissonances et de murs de son shoegazing. Mais comme faire dans l’originalité n’est pas forcément synonyme de qualité (et tant de groupes vénérés par les journalistes ne le sont pas vraiment quand on y réfléchit), Lush a un autre atout : de la personnalité et de la classe.
Ce qui a toujours fait leur force est déjà présent sur cette compilation regroupant leurs premiers EPs : les voix magnifiques de Miki Berenyi et d’Emma Anderson. Parmi les plus belles et gracieuses du genre, elles sont l’élément qui font de ce groupe, un des plus attachants de cette époque. Les mélodies noyées dans l’éther sont en plus particulièrement accrocheuses car proche de la pop indépendante des années 1980, qui est leur autre grande influence.
En définitive, malgré son statut de compilation, Gala est une œuvre à part entière aussi importante que leurs albums. S’il subsiste quelques curiosités liées à la jeunesse du quatuor (comme les punky « Baby Talk », « Bitter » ou encore « Second Sight »), Lush aligne déjà des perles dream pop shoegaze d’une maturité impressionnante avec le noisy « Leaves Me Cold », la première version de « Thoughtforms » et deux sommets : « Sweetness and Light » et « Scarlet (2) », placées respectivement en début et fin de disque.
Le détail le plus amusant dans tout cela, c’est que Robin Guthrie parraine déjà le groupe en produisant une partie de la compilation (l’EP Mad Love plus précisément ainsi que les chansons « Hey Hey Helen » et « Scarlet (2) »). Alors que Spooky est un peu handicapé par sa production pesante, ici elle se révèle limpide tout en portant sa marque de fabrique. C’est à n’y rien comprendre.
Gala est, de toute façon, une compilation indispensable pour les amateurs du versant le plus dream pop du shoegaze. Le nombre important de perles mélodiques chantées par des sylphides contenues ici, aura raison des personnes les plus récalcitrantes.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.