Le succès des Magnetic Fields était resté très confidentiel au début des années 90.
Sur les deux premiers albums du groupe, Distant Plastic Trees et The Wayward Bus, Merritt faisait pourtant preuve d'une créativité débordante, avec des disques denses, bouillonnant d'idées et de sons originaux. Les fans hardcore du groupe préfèrent d'ailleurs souvent ces deux albums à tous les suivants, voyant à travers ceux-ci les représentants parfaits de la beauté synthétique et romantique que pouvait atteindre Merritt dans sa prime jeunesse.
L'émotion restait néanmoins, je trouve, terrée derrière la voix froide et détachée de Susan Anway et les synthétiseurs, qui, volontairement, sonnaient très Lo-fi, paraissent aujourd'hui assez robotiques et déshumanisés.
Avec The Charm Of The Highway Strip, Merritt commençait à prendre les choses en main vocalement, et l'album est brillant, mais pas encore son meilleur.
Avec Holiday par contre, les Magnetic Fields trouvent la formule gagnante. On aurait pu parfaitement parler de ce disque, un autre chef-d'oeuvre oublié dans les méandres de l'histoire de la pop, mais on a choisit le suivant, Get Lost, publié en 1995.
Get Lost est en réalité le premier album des Magnetic Fields où Stephen Merritt commence à s'éloigner un peu de cette synth-pop qui a fait les beaux jours des premiers albums qui pouvait avoir tendance à lasser en s'approchant parfois un petit peu de l'exercice de style. L'album sonne ainsi plus personnel que jamais et n'en devient que plus touchant.
La poésie romantique de Merritt s'exprime ici avec une honnêteté teintée d'ironie qui deviendra la marque de fabrique du groupe, surtout à partir du prochain disque, l'inégalable 69 Love Songs.
C'est en fait avec Get Lost qu'on obtient les premières vraies belles complaintes classiques de Merritt qui, loin d'abandonner l'idée des synthés et du chant maniéré et baroque des opus précédents, va l'adoucir via des chansons auxquels l'auditeur de base s'identifie plus facilement. On est au final touché directement au coeur avec des pépites comme Why I Cry ou With Whom To Dance?, qui voient Merritt offrir parmi les mélodies les plus sublimes de sa vie tout en dépouillement.
Comment un album pareil n'est-il pas plus connu et célébré? C'est un mystère abyssal, tant ce chef-d'œuvre brille fort.