For the next time,
Everybody Ready
The Rolling Stones ... The best Rock’n roll band in the World …
The Rolling Stones
Et c’est à ce moment-là que Keith Richards joue le riff de Jumpin’ Jack Flash, avant que Jagger lance un Rock You, intro qui provoque déjà un effet dévastateur et les Stones débutent à merveille ce concert.
Sous cette pochette où l’on voit Charlie Watts déguisé et hilare avec un âne et ce nom d’album qui renvoi à la chanson Get Your Yas Yas Out du bluesman Blind Boy Fuller, on trouve un diamant brut et le meilleur album live officiel des Stones, et de très loin. Témoin de cette terrible année 1969 et de la tournée américaine du groupe, il a été capté lors des concerts du 26 Novembre au Civic Center de Baltimore et du 27 et 28 Novembre au Madison Square Garden de New York.
En première partie les Stones ne faisaient pas dans la dentelle et faisaient appel à (entre autre) Chuck Berry, B.B. King et Ike & Tina Turner (le concert de rêve, les Stones de l'époque avec ceux-là en première partie).
La réussite tient aussi à la forme des musiciens, de Jagger à Charlie Watts en passant par Richards, Wyman, Ian Stewart et bien évidemment, le jeune et nouveau prodige Mick Taylor qui a rejoint les Stones après être sorti diplômé de l’école John Mayall avec mention. Son intégration au groupe est alors parfaite, il apporte, déjà, sa technique monstrueuse (jamais on entendra d'aussi bonnes versions de Sympathie ou Midnight Rambler que sous son aire) et son entente musicale avec Richards est excellente.
Les Stones n’ont aussi aucun musicien additionnel à l’exception du sixième Stones Ian Stewart au piano sur les deux reprises de Chuck Berry, et c’est la dernière fois dans un album enregistré, ils seront toujours accompagné d’au moins une section cuivre la suite de leur carrière (et bien d'autres instruments plus on avancera dans le temps). Les guitares sont donc vraiment mises en avant et c'est fantastique tant ce sont deux guitaristes géniaux, et ce sont vraiment les Stones, de façon brute et naturelle, réadaptant ses propres chansons pour les concerts, sans tricher, ni se cacher.
En plus de cette introduction qui met déjà une claque au public (et nous bien évidemment !), les Stones jouent dix titres, sept originaux et trois reprises. La première, Carol, fait directement suite à Jumpin Jack Flash et, comme ils l’ont déjà fait sur leur tout premier disque, ils subliment Chuck Berry, avec notamment le piano de Ian Stewart et la guitare de Mick Taylor qui font des merveilles. Ils récidivent quelques chansons plus tard avec Little Queenie, encore du Chuck Berry où c’est Keith Richards qui donne, dès l’intro, une leçon de guitare. Deux rock’n roll joués avec passion et génie, avec entre les deux la troisième reprises et non des moindres, Robert Johnson et Love in Vain qu’ils s’étaient déjà appropriés sur Let it Bleed, ce qu’ils font à nouveau là, un pur bonheur pour les oreilles et que dire de Mick Taylor… Magistral, répondant avec émotion à l'arpège acoustique de Keith.
I think I’ve lost a button on my trousers, I hope they don’t fall down … you don’t want my trousers to fall down now, do ya!
Dixit Jagger, très pudique, juste avant Carol !
En plus de ces trois titres, les Stones jouent trois titres de Beggars Banquet, deux de Let it Bleed ainsi que les deux singles Jumpin’ Jack Flash et Honky Tonk Woman, disponibles sur aucun album studio du groupe.
Charlie is good tonight
Voilà comment Jagger ouvre cette dernière, avant que Keith Richards balance, comme il se doit, les premières mesures d’une des meilleurs chansons des Stones. Jagger chante superbement, les chœurs de Richards sont excellents et c'est l'une des meilleures versions de cette chanson, si ce n'est la meilleure. Jumpin’ Jack Flash est d'une justesse rare, encore plus que l'enregistrement studio et ils la subliment comme jamais.
All Right, on the Guitare …
Le groupe ferme l’album avec une superbe version de Street Fighting Man, plus sauvage et électrique que celle studio, d'une rare intensité. Ils jouent à merveille (encore un superlatif mais comment ne pas faire autrement ?) et d'une façon brute Live With Me, où Jagger n’a pas le temps de présenter les musiciens ( il lance All Right, on the guitare… avant de se faire couper par l’association entre basse et guitare qui ouvre la chanson). Si musicalement Stray Cat Blues est joué de façon moins sombre et malsaine qu’en studio, ce n’est pas le cas des paroles où l’âge de la fille n’est plus de 15 ans mais de 13. La nouvelle introduction est sublime et, encore une fois, les deux guitaristes sont fabuleux, tout comme Watts et Wyman qui assurent derrière.
C'est à se demander si toutes les chansons présentes ici sont meilleures que les versions studios.
Et enfin, les deux sommets de l’album, deux titres fabuleux, se suivant, et se trouvant en plein milieu, Midnight Rambler et Sympathy For The Devil.
Que dire de cette monstrueuse, gigantesque, fabuleuse, titanesque version de Midnight Rambler ? Dès l’échauffement à l’harmonica de Jagger (il part trop tôt!), la chair de poule commence à arriver avant de définitivement s’installer dès que les premières notes sont jouées. Puis de Charlie Watts à Jagger tout est parfait, l’intensité se fait de plus en plus forte plus on avance dans la chanson, les guitares s’accélèrent, Jagger leur répond superbement avec son harmonica avant de peu à peu ralentir le tempo et qu’il commence à poser doucement sa voix.
Well You Heard about the Boston…
Avec Richards lui répondant par de secs coups de guitares où l’intensité est à son sommet, tout comme les frissons parcourant le corps avant d’accélérer à nouveau, avec Mick Taylor jouant avec une justesse totale.
Puis, alors qu'une fille du public réclame Paint it Black, il commence une version de Sympathy for the Devil sans piano, uniquement deux guitares, basses, batterie et chant, modifiant totalement celle studio. Ici la star ce n’est pas Jagger mais les deux guitaristes qui se répondent à coup de solo. Lorsque l’on croit que c’est fini, l’un des deux guitaristes reprend le morceau à son compte. C'est fabuleux. Et largement au-dessus de toutes les versions qu’ils ont jouées depuis, surtout récemment, avec plusieurs musiciens additionnels, elles paraissent bien fades à côté de celle-là.
Get Yer Ya-Ya's Out! représente l'ultime album live des Stones, statu qu'il pourrait partager avec le bootleg Brussels Affair, le Great rock’n roll band in the World introduit Mick Taylor et joue comme rarement ils ont aussi bien joué, il n'y a pas de musiciens additionnels, juste le groupe, face au public et lui-même, sublimant ses propres chansons ou des standards de Chuck Berry et Robert Johnson. C'est électrique, spontané, émouvant parfois, fantastique aussi lorsque d'aussi talentueux musiciens jouent en osmose comme cela, avec un répertoire parfait.
Et dire qu'il y avait BB King et Ike & Tina Turner en première partie !
Niveau Réédition :
Les Stones ont sortis récemment une version géante avec cinq titres supplémentaires Prodigal Son, You Gotta Move, Under My Thumb, I’m Free et Satisfaction. Les cinq chansons sont aussi superbement jouées avec notamment les deux premières cités en acoustique (et plus particulièrement Prodigal Son), mais elles ne sont pas forcément dans le ton de l'album, l'édition originale reste meilleure comme elle est.
On trouve aussi dans le coffret un disque regroupant cinq titres de BB King et sept de Ike & Tina Turner, alors en première partie. Et là aussi c’est du lourd, le bluesman est excellent, notamment dans sa version accéléré de Why I Sing the Blues et Please Accept My Love. Le mini-concert du couple Turner vaut surtout le coup pour I’ve Been Loving You Too Long où la diva (Quelle voix elle aussi !) atteint presque l’orgasme et la reprise Son of a Preacher Man.