Ghetto Bells
7.1
Ghetto Bells

Album de Vic Chesnutt (2005)

Sur la très belle pochette de Ghetto Bells, on voit Vic Chesnutt debout, adossé à une vieille caravane. À ses côtés, on croit d'abord distinguer des béquilles, mais il s'agit en fait d'un trombone, posé sur un fauteuil. Un vrai fauteuil, sans roues. Cette photo dégage quelque chose de profondément touchant, comme un pied de nez à la fatalité, un défi à la gravité. Surtout, elle accompagne le meilleur album de Vic Chesnutt depuis des lustres, meilleur encore que Silver Lake en 2003, mais toujours en deçà de son chef-d'oeuvre de 1995 (Is The Actor Happy?). La grande idée du petit Américain sur ce neuvième Lp, c'est d'avoir réuni une sacrée troupe autour de lui pour donner corps à des chansons qui s'éloignent de plus en plus du folk sombre et tendu qui a fait sa réputation. Van Dyke Parks est de la partie avec son piano et son accordéon, mais c'est surtout le génial Bill Frisell qui donne à Ghetto Bells sa couleur si particulière. Grand guitariste de jazz qui fraye régulièrement avec la pop (en compagnie d'Elvis Costello ou plus récemment de Petra Haden), son jeu est époustouflant, comme un écho aérien. Sur les sublimes Forthright et What Do You Mean, il apporte une souplesse et une ampleur inédites à des mélodies sereines. Sur une palette rythmique variée et subtile, piano, contrebasse et cordes tirent l'enregistrement vers des contrées où les frontières entre pop, jazz et folk se brouillent pour ne former qu'un seul territoire dense et passionnant. Changeante et chargée de sentiments mêlés, la voix de Vic Chesnutt est plus douce que jamais, souvent accompagnée de choeurs, comme sur Rambunctious Cloud, ballade vénéneuse et pièce maîtresse d'un disque miraculeux. (Magic)

bisca
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma cédéthèque

Créée

le 19 mars 2022

Critique lue 5 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Ghetto Bells

Ghetto Bells
dylanesque
7

Critique de Ghetto Bells par dylanesque

Découvert il y a une quinzaine d'années par Michael Stipe (REM) dans un bar, Vic Chesnutt reste une des voix les plus singulières et un des songwriters les plus prolifiques de sa génération...

le 26 juin 2014

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Industrial Silence
bisca
8

Critique de Industrial Silence par bisca

Vocable à résonance latine et nom espagnol donné à l'Aurore, Madrugada est pourtant un quartette norvégien... Il faut donc chercher ailleurs pour en trouver le sens et l'on découvre immédiatement des...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime