Ce n'est pas de tout repos d'être Lynyrd Skynyrd au milieu des années 1970, alternant à un rythme effréné concerts et enregistrement studio, le tout avec un mode de vie très rock 'n' roll.


Suite à l'album Nuthin’ Fancy, ils feront la tournée The Torture Tour et c'est durant celle-ci que le guitariste Ed King, lassé des drogues, des bagarres et ayant des relations contrastés avec les autres musiciens (en particulier Ronnie Van Zant), quittera le groupe. Il n'est pas remplacé et, avant l'arrivé de Steve Gaines lors de la tournée qui suivra Gimme Back My Bullets, il n'y aura qu'Allen Collins et Gary Rossington pour assurer les guitares.


Autre changement majeur, c'est le remplacement d'Al Kooper par Tom Dowd à la production, apportant de nouvelles méthodes d'enregistrement. Très vite il est adopté par le groupe qui l'adore, il est surnommé Father Dowd et le nouvel album devait initialement s'intituler Ain't No Dowd About It pour lui rendre hommage. Enfin, c'est aussi la première apparition des Honkettes, trio de choristes dont l'une sera à l'origine de l'arrivé de Steve Gaines (son frère) au sein du groupe. Malgré ses changements, la recette ne change pas vraiment, le groupe joue ce qu'il aime, du blues, du hard rock sudiste et des teintes de country.


Préparé et enregistré rapidement (ils entrent en studio six mois après la sortie de l'album précédent), Gimme Back My Bullets se vendra moins bien que les autres, et n'a pas la réputation de ces prédécesseurs. Ce que regrettera les membres du groupe qui sont satisfaits de la nouvelle production et de la qualité des chansons, et c'est effectivement dommage tant l'album est remarquable et recèle de nombreuses pépites.


D'abord, on retrouve l'atmosphère bien sudiste que l'on trouvait dans les précédents albums, celle authentique et bourrue, même si le son sonne parfois plus lisse. On remarquera aussi l'utilisation des choristes, apportant une nouvelle touche au groupe et un album qui n'hésite pas, encore plus que d'habitude, à miser sur le son produit par les claviers de Billy Powell. Les musiciens sont en forme, aucun n'hésitant à imposer sa propre virtuosité tandis qu'il y a une vraie alchimie entre eux, avec un Ronnie Van Zant toujours parfait pour poser sa voix sur des compositions inspirés.


I drank enough whiskey to float a battleship


Gimme Back My Bullets lance génialement les hostilités, le riff est génial et l'orgue de Billy Powell fait déjà des merveilles. L'accent de Van Zant colle parfaitement aux guitares et, contrairement aux idées reçues, les Bullets ne concernent pas les balles pour des armes mais les classements dans les charts. Ils ont vite arrêté de jouer cette chanson sur scène, les spectateurs s'amusant (parfois dangereusement) à lancer divers objets sur scène durant le refrain.


Comme à son habitude, le groupe commence par un gros riff avant de proposer une chanson plus calme, ici c'est la belle ballade acoustique Every Mother's Son, alors que Trust, bien qu'oubliable est efficace et propice au style de l'album. Comme dans Second Helping, le groupe reprend le génial J.J. Cale avec Got The Same Old Blues, qu'ils jouent avec leur style si particulier, tout en nous gratifiant d'un superbe solo d'harmonica tandis que les deux guitaristes se répondent magnifiquement.


Well now, even mama said, "Son you're bad news"


La seconde face reprend avec l'un des titres phares du groupe, Double Trouble, l'un des surnoms de Ronnie et la chanson évoque le nid à problème qu'il peut être, en particulier avec les flics. Le riff est là-aussi mémorable tandis que les chœurs féminins sont particulièrement bien utilités, notamment durant un refrain mémorable où il finit par épeler T R O U B L E. Ensuite, les influences country reprennent de plus belle avec Roll Gypsy Roll, chanson qui monte de plus en plus en intensité.


Let's cry for this bad man


Searching qui nous fera bien taper du pied avec ses superbes guitares laisse place à la superbe Cry For The Bad Man, où l'introduction, totalement géniale, laisse place à une composition typique du groupe, de plus en plus intense et dont le refrain, là aussi sublimé par les chœurs féminins, et le ton, rapprochent parfois le groupe vers des influences plus gospels. Les paroles, typiques du groupe, décrivent bien la façon de penser de Ronnie Van Zant, appuyant aussi sur une certaine authenticité des gens du Sud. La magnifique et douce All I Can Do Is Write About It conclut magnifiquement l'album, avec autant de mélancolie que de sensibilité.


Gimme Back My Bullets marque des changements importants dans le groupe, mais ils gardent l'essence de leur jeu, atmosphère et authenticité, proposant un album atypique, cohérent et à leur image. Ici, Lynyrd Skynyrd se montre inspiré, tant dans les compositions que techniquement, livrant ainsi quelques titres phares et d'autres, plus méconnus, qui mériteraient d'être plus mis en avant.


Face A :


Gimme Back My Bullets
Every Mother's Son
Trust
Got The Same Old Blues


Face B :


Double Trouble
Roll Gypsy Roll
Searching
Cry For The Bad Man
All I Can Do Is Write About It

Docteur_Jivago
9
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le 25 nov. 2020

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Docteur_Jivago

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