Et si ce disque était une interface ? Un lien, une strate, quelque chose du genre. Sakamoto, do groupe de pop électronique Yellow Magic Orchestra, Glenn Gould et ses interprétations personnelles de Bach, Alva Noto et ses constructions contemporaines et innovantes tant plastiques que musicales, et d'autres musiciens, placés dans l'avant-garde.
Une ambiance brumeuse, le piano dont le son est un peu étouffé, pas loin de l'ambiant-music. Parfois un peu bruitiste, mais doux. Du Bach, parfois aussi. C'est beau, simplement beau. Manifestement, il y a quelque chose qui se passe. Et quand on entend une interprétation d'un morceau de Bach qui a été aussi joué par Tomita, on pourrait stupidement se dire, en ellipse : la boucle est bouclée. La tradition classique (Bach), le pionnier électronique interprète du classique (Tomita) qui résonne au lointain sans être dans la musique, Sakamoto en souvenir des chansons amusantes et tellement lumineuses du début de Yellow Magic Orchestra, et les autres, la touche d'électronique contemporaine bruitiste.
Mais, me direz-vous. Et donc? Ca tient la route tout cela? Bricolage? Comment recoller ces morceaux de routes musicales à priori divergentes?
Eh bien, c'est sans doute cette divergence qui fait tout l'attrait mystérieux de l'album. Car, oui, il se passe quelque chose, c'est très frais, inouï, osé, inconsistant, mélodieux, bruitiste, triste, envoutant, bizarre, saccadé, lié, décousu, recousu, lointain, proche, mais cependant on ne peut s'empêcher de vouloir que ce genre de choses doive apparaitre à un certain moment dans l'histoire de la musique. Comme une nécessité de style. C'est donc vraiment innovant. Ca en vaut la peine.
Ecoutez-le, et racontez vos aventures.
Pth