Une direction différente pour Tangerine Dream en 1980. Un apport essentiel de Johanne s Schmoelling qui a fraichement rejoint le groupe et qui apporte une touche harmonique, axée sur des belles progressions d'accords. Mais faisons fi de techniques et de théorie. C'est dans la légèreté mélodique que l'album s'ouvre, dans des petites mélopées, des comptines aériennes et crystallines, des séquences douces, dans la caresse de la musique. L'album, c'est des petites constructions en tangram, ce jeu d'assemblage géométrique. De petites choses qui ne durent pas très longtemps, qui s'assemblent, se désassemblent. C'est à certains moments dans le disque un espace de solitude qui se dissout dans une multitude de cristaux sonores aigus, un piano qui semble jouer, solitaire, dans un paysage enneigé, un espace extérieur exposé de lumière printanière, un corridor ou une créature mi humaine mi cybernétique se déplace de ses membres multipliés, au son se réverbérant entre les murs, son qui semble devenir une diagonale, un son oblique qui fait un vrai "fade out" visuel et musical, se transformant en horizontales lignes harmoniques, en spleen de quelque chose d'inconnu qui disparait, une mouvance dans les accords. Et il reste de la mélodie, de la cohérence. C'est parfois plus rock à certains endroits, c'est une patchwork merveilleux, une œuvre majeure, pour moi un des plus beaux disques de musique électronique du groupe. La face B du vinyle commence par les accords les plus forts et les plus "analogiques" que la musique électronique de TD puisse donner...