Nous avons ici un concept album qui se veut comme une comédie musicale. On suit Shane, un … singe, qui arrive dans une école et se trouve en total décalage avec les autres élèves. Sa nature naïve et poétique se heurte au cynisme et au matérialisme de l’institution et de ses humains pervertis. Shane est différent, parce que ba … c’est un singe quoi, mais il ne s’en aperçoit tout de suite du coup il essaie de s’intégrer mais est rejeté. La fille dont il est amoureux l’ignore, ses potes ne l’invitent jamais. Du coup il se renferme sur lui même, s’isole et se met à détester tout le monde. Puis survient un événement décrit dans « The Fire » qui va le faire se remettre en question, il va se rendre compte qu’il doit apprendre à comprendre et aimer les autres pour s’aimer lui-même. Alors dis comme ça, ça parait un peu cliché le narratif du mec « spécial » qui se fait bolosser à l’école. Mais en vrai c’est plus nuancé, on apprend notamment ce qui fait que le mec qui harcèle Shane l’harcèle, que la mère de Shane rêvait d’être une star mais a abandonné son rêve pour l’élever. Voilà donc l’histoire est cool et intelligente, et la musique met parfaitement en scène ce narratif.
[Retrouvez la critique en vidéo ici ! => https://www.youtube.com/watch?v=klETLYhnaYI ]
Le point à retenir sur cet album c’est qu’il est fun. Il est très fun et c’est un plaisir à écouter de bout en bout, ça part dans tous les sens, c’est théâtral, nuancé, ils tentent des trucs tout le temps. Par exemple : les voix, déjà avoir deux chanteurs permet d’avoir de la variété mais là en plus comme c’est sensé coller à l’histoire les voix se contorsionnent dans tous les sens, ils jouent divers rôles et personnages. Parfois c’est très mélodique et doux, d’autres fois ça va être énervé, plus rock voir carrément sadique comme sur "Lucy who's the big joke ?" de « The Fire ».
L’instrumentation quant à elle c’est : de l’amour. Tu trouves aussi bien des morceaux bien punchy que d’autres qui s’approchent de la pure musique de comédie musicale genre « Born Wrong/Heart Song » qui est très dramatique. Quelque soit la chanson le niveau de détail est très élevé, avec des instruments qui viennent et qui repartent, se répondent entre eux. D’ailleurs le grand éventail d’instruments utilisés permet de donner beaucoup de caractère à chaque piste, parfois un saxophone, à un autre moment un banjo, des congas, de la trompette ou de la mandoline. Par exemple on peut aussi bien avoir « Small Victories », sautillante et pétillante avec ses nombreuses cordes pincées puis « Wonderin’ Ways » plus lyrique et qui laisse la place au piano et violons. C’est grâce à toute cette diversité que malgré les 16 pistes j’ai été captivité à chaque écoute.
Alors évidemment on peut reprocher à l’album de ne pas avoir un univers sonore très original, les guitares sonnent comme ce qu’il y a de plus standard, les instruments utilisés sont majoritairement des choses qu’on a l’habitude d’entre dans le pop rock et certains passages font beaucoup penser aux Rolling Stones ou à Supertramp. Mais devant la maîtrise et la richesse de la composition ces critiques ne pèsent pas énormément. J’espère que sur leurs prochains albums ils se montreront plus expérimentaux et viendront infuser d’autres styles au leur. En tout cas je suis impatient de voir la suite de la carrière de Brian et Michael D’Addario.