Le Monde Merveilleux de Tiny Tim

Entre deux albums de Metal avec des histoires de guerriers et de monstres, j'aime parfois écouter de la musique un peu plus légère. Néofolk, Ambient, Dungeon Synth, Musique Classique, bref, deux trois autres trucs qui ont attiré ma curiosité et mes oreilles. Et parmi ces découvertes, il y a Tiny Tim et son premier album.

Sorti en avril 1968 sous le label Reprise Records (le même qui s'occupait des disques de Nancy et Frank Sinatra), God Bless Tiny Tim est une curiosité de la fin des années 60 placée sous les signes de l'humour et du bizarre. L'album est une compilation de reprises de titres de divers artistes américains des années 30 jusqu'aux années 50. Bien qu'il s'agisse d'un albums de reprises, Tiny Tim a tant modifié les chansons originales à sa manière, qu'on croirait entendre des compositions crées de toute pièce (surtout que certains titres sont si obscures que je n'ai même pas réussi à les retrouver sur YouTube).

Quoi qu'il en soit, le petit Tim nous présente ainsi son univers : un monde de chansons, de sons et d'histoires, le tout dans une ambiance décalée et second dégré.

Ce qui rend cet album unique, c'est son chanteur. Avec n'importe quelle autre voix, ça aurait été n'importe quel album de reprises classique, mais avec Tiny Tim, c'est une autre histoire. Dès les premières notes de la galette, on entend une voix chevrotante, qui évolue parfois en chant de fausset suraïgu ou en bariton plus grave et lourd. Avec sa capacité vocale à la fois bizarre et rigolote, Tim peut se vanter d'entrer dans divers registres musicaux sans trop de difficulté : une valse, une ballade, une chansonette entêtante, et même des duos où il incarne deux voix en même temps. Et en plus de chanter, ce charmant personnage a le mérite de gratter son ukulele par moment.

Mais que serait un bon chanteur sans de bons musiciens ? Et là aussi, nous sommes servis.

Personnellement, je n'ai pas réussi à trouver les noms des types qui ont joué sur ce disque, et même si il s'agit probablement de zikos de studios, ils restent quand même de bons artistes. Cuivres, cordes, xylophone, claviers, percussions, c'est toute une joyeuse bande qui accompagne le chanteur durant 40 minutes de musique festive et faussement naïve. D'ailleurs, Tiny Tim les remercie de leur présence au début de l'album :

Oh! Isn't this a lovely band

And what a thrill it is to have them play for me

-Livin'in the Sunlight, Lovin' in the Moonlight-

D'ailleurs, j'ai dis que la musique était festive, mais dans le fond, l'ambiance de la musique varie par moment. Il y a des chansons entêtantes où le ukulele accompagne l'orchestre (Tiptoe Thru The Tulips, Fill Your Heart), les ballades et les chansons d'amour (This is all I ask, Strawberry Tea) et les chansons un peu plus...expérimentales et humoristique qui se différencie par leur bizarrerie et leur musique qui semble venir d'un autre disque (The Viper, The Other Side ou encore Welcome To my Dream).

D'ailleurs, quand on y pense, cet album apporte un véritable coup de frais à de vieux titres de l'ère du gramophone, les années 60 reprennent le flambeau et en font quelque chose de complètement nouveau. Même si le ton de la musique change régulièrement, le second dégré et la parodie se ressentent tout au long de l'écoute, avec un humour et une atmosphère qui rappellent un peu les Mothers de Frank Zappa.

C'est fou, car plein d'adjectifs pourrait qualifier la musique de ce disque ! Joviale, naïve, rigolote, bizarre, printannière, mais surtout unique, car même si Tiny Tim a fait d'autres albums par la suite, sa première galette reste sa plus intéressante et aussi sa plus originale.

Mais n'oubliez pas braves gens, un album de reprises c'est aussi un moyen pour l'artiste de montrer ses influences, ses idoles, et sa manière d'interpréter la musique. Et cette réinterprétation de la musique populaire amércaine qui sonne comme une vaste blague, a permit à Tiny Tim de connaître le succès durant un certain temps, et de renaître récemment avec le regain de popularité de Tiptoe Thru the Tulips sur Internet.

Quoi qu'il en soit, si vous aimez la musique dite Hillbilly ou le Jazz sous une forme plus parodique et bizarre, alors n'hésitez pas, God Bless Tiny Tim n'attend que d'être redécouvert !

Top 3 : This is all I ask, Strawberry Tea et Livin' in the Sunlight, Lovin' in the Moonlight