Perle noire
La perle noire de toute discothèque : "Ce n'est pas de la musique, c'est 'Godbluff' !" Une cavalcade effrénée vers l'horizon, avec la mort aux trousses (une charge de barbares, une flèche...
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le 3 déc. 2014
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Alors qu'à l'automne 73 je découvrais en une semaine la discographie complète de VDGG avec la définitive impression que ce groupe était mort et ne renaîtrait jamais de ses cendres, quelques signaux en Italie et sur disque auraient pu me laisser des indices de reformation. Hammill tournait en Italie , sous son nom, mais souvent accompagné de membres de VDGG. Puis sur disque pour quelques morceaux d'abord sur Chameleon et puis en Février 74 pour Silent Corner et son fabuleux “Louse...” entre autres... Nadir's Big Chance aussi voit tout VDGG réuni. La musique du groupe , malgré les mauvais auspices des dieux , voulait vivre....et c'est là quelques mois après l'enregistrement de Nadir que le band mythique, enterré, se réunit...Dans les journaux rock Québécois les plus folles rumeurs couraient: Fripp avait été en studio avec eux, Bowie était aussi passé dans le studio, Gabriel avait assisté aux sessions...n'importe quoi ! mais l'album n'allait pas se révéler n'importe quoi. En fait jamais band ne réussira un comeback aussi percutant dans toute l'histoire du rock . Ce n'était pas un bluff de Dieu !
En 78 lors de la tournée solo que je produisis au Québec, j'ai demandé à Peter ce que voulait dire Godbluff. Il m'a répondu que c'est un mot que le band utilisait entre eux, qu'il ne pouvait donner sa réelle signification mais qu'à l'intérieur du groupe ils comprenaient sa signification. Un code secret? un mot qui veut rien dire pour tout dire ? un autre mystère non expliqué?...à force d'écouter Godbluff , peut-être que chacun peut tenter de percer le mystère , donner sa définition ou juste se laisser porter par ce mot aux sonorités tranchantes et magnifiques !
Tout dans Godbluff est marqué au fer rouge : des premières notes de The Undercoverman à la finable cauchemardesque et lancinante “des Somnambules” On reçoit le disque comme si , effectivement, on nous rentrait un fer chaud sur la fesse! Pourtant le chant qui introduit l'album est céleste, Peter est totalement en contrôle, sa voix survole la flute et nous ne pouvons nous douter de la boucherie qui sen vient....
It's crack ! et bientôt nous chercherons notre air....l'intro n'est qu'un bluff , le seul de l'album avec la samba (?) au milieu “des somnambules” . Très vite le sax s'élève, nous entraînant dans un nouveau son de VDGG, sans fioritures, sans effets , sans acides.
Je me souviens du moment de l'hypnose lorsque je mis le vinyl sur la table tournante. De l'excitation daller le chercher au magasin , du retour en métro , du joint d'Afghan avant l'écoute sacrée. Nous étions deux, avant la fin du disque nous n'étions plus qu'un.
Dès la somptueuse finale de The undercover man , nous étions déjà sans-dessus-dessous. La terre s'éventre, effectivement, et les dés sont jetés... dans un moment fou nous plongeons dans Scorched Earth , la folie s'empare tranquillement de nos cerveaux et avant la fin du morceau, nous savons que c'est le plus grand album de l'année... Est-ce que le band peut aller plus loin ? Jaxon peut-il devenir plus fou ? l'orgue peut-elle être plus somptueuse ? le son plus épais, plus revêche et à la fois si hypnotisant ? Ouf! tout notre corps est en alerte Amber ! Vite tournons le vinyl ....un petit spliff avant ça ! Défions les Dieux !
Il est bon que Arrow commence si doucement avec la rare basse de Banton et le sax lointain de Jaxon....quelques petites secondes pour reprendre son souffle et déjà la voix de Peter s'avance pour le plus violent morceau de l'album ! le plus brûlant, celui dont on ne revient plus...celui qui vous fait croire qu'ils ont volé aux dieux le feu sacré de Prométhée. Arrow est LE MORCEAU de l'album. Sa puissance concise, son cri final lancé comme une flèche en feu où Hammill hurle le titre voyant le fer rouge s'avancer dans la nuit froide nous jeta par terre. As-tu entendu ça ? Nous étions nous aussi volcan! Ça y est nous venions d'être étampé bacon humain par VDGG et ces empereurs bouchers tournaient avec leur flèche le fer rouge dans nos oreilles rougies.
Et comme des somnambules nous arrivons à la dernière chanson de l'album, pétrifié, la chair saignante, le grand frisson; avant de s'étendre dans la douceur du sommeil nous serons, nous aussi, somnambules... Va voir dans le miroir si nous avons forme humaine encore ! Oui nos cheveux sont dressés sur notre tête comme seul un Van der Graaf Generator peut le faire.
Nous sommes les danseurs de la nuit qui s'avancent... et la platine tourna toute la nuit...Les cris des somnambules sur cette terre écorchée met l'homme sans dessus-dessous... bientôt mon temps sera fini... rêvons -nous ?
La réédition comporte 2 superbes titres : “Forsaken Gardens“ et “In The Black Room” enregistrés live en Italie... Ici plus n'est pas moins....
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums de Van der Graaf Generator et Les 57 meilleurs albums du rock progressif des années 70
Créée
le 15 juil. 2020
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