D’entrée, c’est un petit morceau magique et persistant qui vous attrape l’oreille en douceur, vous pénètre l’âme et vous fait planer. Un thème répétitif et envoûtant, une lente progression qui s’évanouit en filé au saxophone sans avoir vraiment éclaté, vous laissant en suspens dans les airs … Une ambiance, une mélodie, une voix, un son, une sensibilité, un univers résumés dès ce premier titre déjà mythique .


Peter von Poehl et son pop-folk éthéré dont on comprend très bien maintenant pourquoi ils ont choisi de ne pas suivre les rockers d’AS Dragon (alors backing band du label Tricatel) quand ils ont pris leur indépendance : trop fondamentalement différents. Car notre charmant suédois à la voix si troublante fait plutôt partie de la famille des vrais calmes : il faut voir comme il sait envoûter une salle tout seul avec juste une guitare électro-acoustique, quelques anecdotes délirantes en français hésitant et de longs silences, incroyables et parfaitement maîtrisés à la fois. Une véritable classe, simple et sereine, totalement dépourvue d’artifice, dont l’attachante efficacité repose uniquement sur le talent, la voix, la beauté des mélodies et la sincérité du personnage. Rare et impressionnant.


Mais le plus impressionnant de tout, c’est de constater à quel point l’ensemble de l’album est un grand moment de bonheur ininterrompu de bout en bout. Enregistré tranquillement, au fil du temps, en studio-cabane dans la forêt suédoise ou « à la maison » à Berlin, ce disque a l’étoffe, la finesse et la richesse du fruit qui a pris le temps de mûrir sur l’arbre. Merveilleusement chantée, ponctuée de splendides passages symphoniques aux accents contemporains, d’épatants arrangements d’instruments à vent, de riffs de guitare-basse-batterie particulièrement percutants, d’harmonies étonnantes et variées, l’œuvre s’achève sur un extraordinaire et bouleversant crescendo fantomatique que viennent rejoindre progressivement, comme dans un brumeux convoi funèbre, harmonium, roulades de caisse claire, cuivres puis orchestre.


Fantastique au double sens du terme !
Du grand art et un incontournable de l’année 2006 !

RolandCaduf
8
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le 18 avr. 2021

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RolandCaduf

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