Ou pas def !
Juste en perspective de mon avis, je suis un fervent fan de Deftones depuis Adrenaline. Déjà depuis Satruday Night Wrist je m'étais habitué à écouter ce groupe évoluer, pour le meilleur comme pour le...
Par
le 11 avr. 2016
8 j'aime
28
Huitième album d'un groupe qui accumule les réussites éclatantes en toute humilité, "Gore" posait (au moins) deux questions : Deftones allait-il maintenir le niveau d'excellence presque irréel auquel il nous a pourtant habitué, et pouvait-il encore surprendre ?
Quelques écoutes plus tard, on ne doute déjà plus beaucoup : les réponses sont oui, et oui.
Bien sûr, pas de réinvention ici. Deftones tire encore un peu plus fort sur le fil qui a fait d'eux ce groupe capable d'aller taper dans le métal qui défouraille, tout en donnant des leçons de minimalisme retenu, via des séquences quasi post-rock magistralement fondues dans un vacarme enchanteur. Ou comment calmer le jeu sans surjouer les partitions les plus planantes de leur répertoire, panoplie d'effets réverbérants à l'appui.
Le fait est que les Deftones ne se contentent déjà plus depuis longtemps de ne faire que l'un ou l'autre, mais proposent souvent les deux avec un naturel qui force l'admiration. Mieux, dans "Gore", ils sont allés creuser plein de niveaux intermédiaires qui ont valu au disque d'être qualifié çà et là d'album à tendance "Rock alternatif". Au grand dam d'ailleurs des nostalgiques d'"Adrenaline", ce dernier né du quintet de Sacramento tire en effet sa complexité d'un spectre stylistique et émotionnel plus large et nuancé que jamais. Si "Doomed User" fonce tout droit avec l'énergie dévastatrice qu'on leur connaissait déjà - non sans caser un riff oldie relativement surprenant quand on est familier du jeu très typé de Stephen Carpenter - l'album décline aussi des titres où les distorsions se font plus lointaines, les enchevêtrements mélodiques moins évidents et l'écriture moins routinière. Si on devine un Chino Moreno vocalement plus fragile et éraillé que la machine à hurler qu'il était pendant "Around The Fur", son chant demeure une magnifique et incroyable énigme : c'est constamment sur un fil, au bord de la rupture, mais ça tient. Le bonhomme s'est même forgé un don insensé pour construire des lignes mélodiques d'une précision diabolique, découpant et rallongeant les notes avec une science du placement proprement inimitable. Il en émerge des morceaux qui figurent indéniablement parmi les meilleurs qu'ils aient jamais pondus : "Prayers/Triangles" avait déjà constitué une mise en bouche redoutablement efficace de la dualité qui les habite depuis au moins "White Pony", "Hearts/Wires" pousse l'aventure jusqu'à flirter élégamment avec des ambitions progressives sans s'y avachir tout à fait, tandis que "Rubicon" clôt les hostilités avec une puissance mélodique et émotionnelle rare.
Oui, "Gore" est probablement trop riche pour n'être que spontanéité, il est même probablement flanqué d'une prod' mal calibrée, mais il est bourré d'une créativité à la fois déchirée et mûrie qu'on ne peut atteindre qu'avec de la bouteille, une sincérité absolue et pas mal de courage. Si c'est ça, vieillir, alors c'est vraiment cool.
Créée
le 16 févr. 2021
Critique lue 111 fois
D'autres avis sur Gore
Juste en perspective de mon avis, je suis un fervent fan de Deftones depuis Adrenaline. Déjà depuis Satruday Night Wrist je m'étais habitué à écouter ce groupe évoluer, pour le meilleur comme pour le...
Par
le 11 avr. 2016
8 j'aime
28
Les albums de Deftones vieillissent comme du bon vin, ce sera probablement le cas de leur nouvel album: Gore. Quatre ans après l’excellent Koi No Yokan, le groupe californien continue d’évoluer vers...
le 21 avr. 2016
7 j'aime
1
Gore est la dernière livraison des Deftones, leur huitième album depuis leurs débuts. C'est le premier album du groupe depuis la mort de son bassiste Chi Cheng. Gore, qui compte 11 titres, est marqué...
le 13 mai 2016
3 j'aime
Du même critique
Fruit d’un travail introspectif presque glaçant de sincérité, Daniel Johns, ex-frontman de feu Silverchair, livre ici une sorte de cri du corps et du cœur. Retranché loin du faste bruyant de la scène...
Par
le 28 avr. 2022
2 j'aime
C’était couru dès sa bande-annonce : Shyamalan allait nous faire du pur Shyamalan, écartant encore d'un revers de main les injonctions lui intimant (on ne sait guère trop pourquoi) de se...
Par
le 27 juil. 2021
1 j'aime
On vous épargnera les cocoricos sur le parcours de ces frenchies expatriés à Los Angeles qui ont, en 2010, formé Yard of Blondes. Car ce duo, devenu quatuor électrique après des débuts exclusivement...
Par
le 30 déc. 2021