C’est drôle à dire comme ça, mais vous est-il déjà arrivé d’entendre une mélodie lors d’un rêve ? Moi, je viens tout juste de me lever après une longue nuit blanche, et me voilà assis devant mon PC à taper ce truc. La première mélodie que j’entends, c’est mon foutu réveil. Mais il me reste parfois des bribes de mes rêves passés. Les sons que j’entends en moi sont très prenants et n’ont rien à voir avec la mélancolie de GRIS. Tomber dans une déprime change toute la donne.
Déjà que GRIS n’épargne pas les mirettes avec sa plastique, il en rajoute une couche sur les tympans. Ce n’est pas juste une bonne bande-son. C’est magnifique. Tout a été donné pour multiplier la beauté du titre par 100. En jouant la carte du deuil, le groupe des Berlinists a lâché un monstre pour le thème de la Colère (Perseverance). Une dose de bipolarité se fait sentir. Après une courte balade du pianiste, la tempête de sable attaque l’héroïne. Soudain, une terrible charge d’orgue. Les couleurs rougissent et une touche de fin du monde se fait sentir. Après la rage, les larmes. La Dépression est une piste aussi longue que cette étape. Elle dure 10 minutes (Descent). On se retrouve confiné dans une grotte en soi. Il y fait doux, car on s’y trouve chez soi. D’abord à l’étroit, le personnage atteindra des espaces plus vastes. Les sauts d’humeur sont les boss scriptés qui attaquent sans crier gare (Unagi).
Difficile de donner un genre à la musique de GRIS. Ambient ? Ethnique ? En tout cas, l’entrée en scène du solo de violon fait mal. Je me souviens encore de la descente Journey-esque dans le désert (Chiasm). Le soleil s’est levé comme moi je me suis levé ce matin. Et là, ce violon. Je me réveille comme ça, je saute du lit. À chaque moment fort du jeu, il est là. La voix de la vocaliste est une chose. Le truc va plus loin encore.
J’ai eu l’impression suivante : le timing des pistes musicales est calibré avec les séquences phares à merveille. Pour moi, GRIS aurait très pu être un film d’animation. Pour rendre un film regardable et techniquement au poil, il y a ce qu’on appelle le timing. L’art de placer un mouvement ou celui de la caméra de pair avec la musique. L’émotion est alors décuplée à un point fou. C’est là que l’idée me retraverse l’esprit une nouvelle fois – GRIS n’est qu’un jeu vidéo. Ou bien plus qu’un jeu vidéo ?